Crash de l’Airbus A320 de Germanwings (1)
" Un
jour, je vais faire quelque chose qui va changer tout le système, et
tout le monde connaîtra mon nom et s’en souviendra."
Propos confié par Andreas Lubitz à son ancienne petite
amie, une hôtesse de l’air, d'expliquer au Bild « S’il a
fait ça, c’est parce qu’il a compris qu’à cause de ses
problèmes de santé, son grand rêve d’un emploi à la Lufthansa,
comme capitaine et comme pilote de long courrier était pratiquement
impossible. »
Il
existe moult risques liés à l'usage de l'avion et un
comportement anormal d'un passager ou du personnel navigant n’est
jamais totalement à exclure. Le 1e juillet 2002, soixante et onze
passagers sont morts à la suite d’une collision en vol entre un
Tupolev et un Boeing au dessus d’Überlingen. Au moment du crash,
les membres d’équipage du Tupolev se disputaient dans le cockpit à
propos de l'interprétation des instructions transmises par
les contrôleurs aériens ! Un avion d’Air India parti de
Dubaï rate sa destination. Les pilotes s’étaient endormis aux
commandes ! En Grèce (septembre 2008), c’est le contrôleur
du trafic qui dormait. Le 19 décembre 1997, un Boeing assurant
la liaison Singapour – Jakarta s’écrase sur l’île de Sumatra,
la compagnie a reconnu que le suicide du pilote était une cause
possible de l’accident. Un appareil appartenant à la
compagnie d’America Airlines assurant la liaison entre Tokyo et
Dallas a dû atterrir en urgence à Honolulu à cause d’un écureuil
dans le plafond, le pilote craignant que l’animal grignote des
câbles ! L’appareil transportant le premier Ministre des affaires
étrangères du Danemark a dû, le 21 novembre 2008, faire un
atterrissage forcé. Le heurt avec des volatils avait fissuré la
vitre du cockpit. Le 4 juin 2008, un F/A-18 a failli percuter lors
d’un exercice, un avion d’affaires espagnol au-dessus de Genève
(s'il devient difficile de détourner un appareil commercial, cela
n'est pas le cas pour les appareils d'affaires) ! La liste est loin
d’être exhaustive.
La
connaissance des grands moments qui contribuent à tout déplacement
aérien permet de mieux appréhender les risques susceptibles de
survenance à un moment quelconque du déplacement. Un passager
averti sera en mesure de repérer ce qui ne cadre pas avec la routine
du quotidien d'un aéroport ou du bon déroulement d'un vol. Le
passager doit être conscient qu'emprunter certaines compagnies peut
en certaines circonstances représenter un facteur aggravant, ce
risque est d'autant plus à redouter que certaines compagnies
s'identifient avec un pays en particulier... Savez-vous que certains
appareils de lignes passagers transportent des valeurs : métaux
précieux, gemmes, fonds, etc., de nature à venir constituer un
facteur aggravant supplémentaire ?
Pour
comprendre les problèmes spécifiques liés à chaque étape d'un
voyage aérien, des connaissances élémentaires réduites à
leur portion congrue sont indispensables. Dès que
l'avion se pose sur le tarmac, il est immédiatement pris en charge
par le personnel au sol et les dernières formalités pour
l'embarquement peuvent commencer. Simultanément, les employés
s'activent à la préparation de l'appareil. Le mécanicien procède
au « transit check » qui consiste en un controlatéral
visuel de l'empennage, du bord d'attaque des ailes pour s'assurer
qu'ils n'ont pas été endommagés par une collision avec un objet,
un oiseau, un morceau de glace, que les pneus et freins sont en
parfait état et que l'appareil ne présente aucune trace de fuite.
D'autres employés approchent la passerelle télescopique ou une
échelle motorisée. Un autre employé se charge de la vidange des
W-C chimiques pendant que le personnel de nettoyage s'affaire à
l'intérieur de l'appareil, tandis qu’un autre fait le
ravitaillement en eau potable et que l'on procède au chargement du
fret et des bagages.
La
livraison des repas se fait par conteneur de ravitaillement, (une
heure avant le départ pour les longs courriers et dix minutes sur
les courts courriers). Le 17 juillet 2012, des aiguilles à
coudre ont été découvertes dans des sandwiches préparés par l'un
des plus importants prestataires de service des compagnies aériennes,
à bord de quatre avions de la compagnie Delta Air Lines partis
d'Amsterdam à destination des États-Unis. Une personne a été
blessée.
Un
employé au sol s'occupe de faire le plein en carburant. Sur les
petits aéroports, le ravitaillement se fait via un camion citerne
pourvu d'une pompe, mais sur les grands aéroports, les soutes sont
enfouies sous le tarmac. C'est à partir d'un poste distributeur et
d'un engin de pompage qu'on procède au transfert du kérosène en
provenance des cuves noyées dans le sol. L'ensemble de ces
opérations peut se dérouler sous la responsabilité du chef
d'escale.
Septembre
2004, un journaliste qui avait revêtu un costume ressemblant à
celui des stewards, a réussi à pénétrer à plusieurs reprises sur
le tarmac, à monter à bord de deux avions et à s’approcher des
soutes sans qu’on ne le remarque. Il lui a suffi pour
s’introduire sur les pistes, de suivre un équipage et
de présenter à sa suite un abonnement de transport en
guise de laisser passer ! Pour votre information, un audit
(2004) portant sur quatre vingt neuf aéroports canadiens a révélé
que plus de 1000 uniformes ou parties d’uniformes étaient perdus
ou volés et que près de 100 badges de sécurité avaient disparu en
moins de neuf mois !
L'appareil
préparé, le personnel de cabine (flight attendants) : hôtesses,
stewards et un maître de cabine, sur les longs courriers, soit pas
moins de 14 personnes sur un Jumbo, peut à son tour rejoindre
l'appareil. Il procède à la vérification de la propreté et des
installations de sécurité : extincteurs, masques à oxygène (bloc
de 120 litres), cagoule anti-feu, rampes d'évacuation, canots
pneumatiques, balise radio, fonctionnement des portes et s'assure de
la présence des repas livrés par le service hôtelier.
Le
passager en partance se rend au guichet d'enregistrement de la
compagnie pour y retirer son "boarding pass" ou carte
d'embarquement (Air France a lancé en septembre 2008 la carte
d’embarquement électronique sur téléphone cellulaire. Les
passagers à destination de certains aéroports peuvent accéder à
l’avion sans autre document papier qu’un simple document
d’identité. Le texto (SMS) reçu est à présenter à
l’embarquement). L'employé s'assure de la validité du titre de
transport, pèse et étiquette les bagages qui selon leurs dimensions
voyageront en soute ou en cabine. Le bagage porteur d'une étiquette
à code barre est enregistré dans l'ordinateur pour permettre le
calcul de la masse au décollage (loadsheet), il est ensuite placé
sur la bande transporteuse (circulation à l'air libre ou
souterraine) pour être chargé en soute. Sur certains vols, les
bagages peuvent faire l'objet d'une recherche d'explosifs ou de
drogue de la part d’équipes cynophiles. Les bagages sont ensuite
placés sur un chariot avant de rejoindre l'appareil sur le tarmac
pour être chargés en soute par le personnel d'exploitation.
Une
gaffe n’est jamais à exclure. En avril 2006, la sûreté aérienne
serbe a égaré des explosifs lors d’un entraînement à l’aéroport
de Belgrade. Ceux-ci ont été retrouvés à Skopie, capitale de
Macédoine. En décembre de la même année, deux gendarmes
appartenant à une équipe cynophile ont glissé lors d’un
exercice, une charge d’explosif (sans le détonateur) dans la poche
d’une petite valise de couleur bleue. Dix secondes d’inattention
ont suffi, le bagage avait disparu sur le tapis roulant de
l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle ! Toutes les compagnies
concernées, soit environ 80 vols (Italie, Japon, Brésil, USA,
France), ont été aussitôt informées de l’incident. Des
passagers ont été débarqués, l’appareil fouillé, ce qui a
occasionné un retard de trois heures, en vain. Le bagage recherché
n’a jamais été retrouvé. En cas d'alerte "à la bombe",
chaque passager doit identifier formellement son ou ses bagages avant
leur embarquement. Sur certains vols avec escales, les bagages sont
placés dans un conteneur. Ce dernier n'est pas conçu pour résister
à l'explosion d'un bagage contenu à l'intérieur. Lors de
l'attentat de Lockerbie, il a suffi d'un kilogramme
d'explosif dissimulé dans un poste radio placé dans une valise elle
même placée dans le conteneur pour entraîner l'explosion en vol de
l'appareil.
La
place attribuée, la carte d'embarquement lui est alors délivrée.
La couleur de la carte indique la classe : rouge pour « First
class », bleue pour les « business » et verte pour
l’«economic ». La carte mentionne : le nom du passager, la
place, le numéro du vol, la destination. Ces formalités accomplies,
le passager peut se rendre en salle de transit. Il doit auparavant
franchir le contrôle douanier, les portiques détecteurs d'objets
métalliques, déposer ses bagages cabine sur la bande de transport
de la machine à radiographier. Pour certains vols, il est possible
d’avoir encore à subir un dernier contrôle manuel par un agent
équipé d'un détecteur de métaux portatifs. Seuls les passagers
munis de leur carte d'embarquement peuvent se rendre en salle de
transit et y procéder à des achats détaxés (duty free).
PRÉPARATIFS AU DÉCOLLAGE : pendant
que le personnel naviguant est occupé dans l'appareil et que les
passagers attendent d'embarquer, le pilote et le copilote
passent au dispatching pour prendre connaissance de la météo et
déposer leur plan de vol qui est fonction du nombre de
passagers et du fret, informations indispensables pour calculer
la quantité de carburant nécessaire au voyage. Le commandant en
profite pour consulter les " notam " (notification to
airmen) qui sont des informations spéciales : piste fermée,
travaux en cours, manœuvre militaire dans l'espace aérien,
bref tout ce qui peut avoir une incidence sur le bon déroulement
du vol.
Le
plan de vol fournit des informations sur la vitesse et la direction
des vents, la température, l'altitude et la vitesse de croisière,
la quantité de carburant emporté, la durée du vol, les fréquences
radio, les points survolés, les distances et durée de vol
entre ces points etc. (Il est question pour les pilotes
Autrichiens et Suisses qu’ils puissent consulter les
donnéesnécessaires au vol à partir de chez eux sur leur ordinateur
personnel (home briefing) et ensuite communiquer leur plan de
vol directement gare ! aux risques de piratage. Le
plan de vol est ensuite transmis au centre de contrôle aérien pour
son approbation et être transmis à la station chargée de la
surveillance. Le commandant doit également signer la fiche de
contrôle de l'appareil et de la conformité de la répartition des
charges, sans oublier la nature du carburant qui a été chargé.
Le
"dispatch" est habilité à modifier le plan de vol en
présence d'impératifs : météo, fermeture soudaine d'une piste,
grève, panne d'instrument, incident, alerte à la bombe,
détournement, escale imprévue pour embarquer des passagers
délaissés par un autre appareil, etc. Le plan de vol "accepté"
par l'ordinateur de contrôle de route, le vol reçoit un "
strip " qui mentionne : la compagnie, le N° du vol, le type
d'appareil, le N° de fichier, l'heure de départ et d'arrivée en TU
(temps universel), la provenance, l'itinéraire, les balises,
l'altitude, etc., informations qui vont être transmises tour à tour
à chaque centre de contrôle placé sur la route de l'appareil.
Après approbation du centre de contrôle, la tour se doit de donner
l'autorisation de décollage. Il existe deux catégories de
contrôles aériens, celui chargé de la surveillance du trafic de
l'aéroport et de ses abords, et celui qui a en charge la circulation
dans un espace aérien déterminé.
Le
commandant de bord assisté du copilote peut à son tour rejoindre le
poste de pilotage pour procéder aux très nombreux contrôles
indispensables et obligatoires propres à chaque appareil. Chaque
point de contrôle est annoncé, soit par le commandant, le copilote
ou l'ingénieur mécanicien (qui tend à disparaître) et pointé
sur la liste. Pour chaque type d'appareil existe une liste indiquant
quels instruments, système, équipement minima sont requis pour
assurer la sécurité du vol. C'est donc la dernière étape pour
déceler un incident ou demander le remplacement d'une pièce.
Pendant cette phase, il est demandé aux passagers de
relever leur siège ainsi que leur tablette et de boucler leur
ceinture. Cette vérification terminée, le commandant peut alors
demander à la tour de contrôle l'autorisation de mise en marche des
réacteurs, mais seulement l'un après l'autre.
Toutes
les vérifications terminées, l'embarquement peut commencer. Une
annonce en anglais, dans la langue locale, et dans la langue de
destination de l'appareil, invite les passagers à se présenter pour
l'embarquement. Le personnel qui assiste à l'embarquement des
passagers, a assisté au préalable à une séance d'information
portant sur les personnes faisant l'objet d'un avis de recherche. En
cas d'incident, il doit participer aux premiers secours, à la lutte
incendie, et à l'évacuation des passagers.
Si
un passager est en retard, le SCC (station control center) peut
demander à la dernière minute au commandant d'attendre le passager.
Quand tout le monde est à bord, une hôtesse ferme et verrouille la
porte sous le contrôle d'un autre membre de PN, tandis que
l'escalier ou couloir est éloigné de l'appareil. Une fois à bord
de l’appareil, un passager ne peut en descendre. Si un
passager a oublié un bagage en salle d’embarquement, l’hôtesse
demande à un membre du personnel d’aller le récupérer. Cette
procédure, bien compréhensible, peut présenter un risque : des
survivants au crash du MD-82 de la Spanair en août 2008 sur
l’aéroport de Madrid, qui a fait 154 morts, ont déclaré que les
passagers qui avaient demandé à sortir de l’avion lorsqu’il
était revenu au terminal pour un problème technique, s’étaient
vus refuser de quitter l’appareil. Le mois suivant, les passagers
d’un vol de la compagnie Air Berlin ont rédigé une pétition pour
exiger de quitter l’appareil après qu’il eut effectué deux
tentatives de décollage avortées. Ils ont obtenu gain de cause et
ont été redirigés sur un autre vol.
A
SUIVRE : EN VOL (2)