lundi 21 décembre 2015

LA SYRIE ?   L'ODEUR DU PÉTROLE !


Le conflit en Syrie représente à la fois un enjeu géostratégique et financier considérable, si je ne craignais de faire un mauvais jeu de mot j'ajouterais égostratégique & égopolitique ou égos des postures en présence. Le conflit semble "juteux" pour les pays exportateurs d'armes. Pour l'année 2013, la France a vendu pour 40% d'armement au Moyen-Orient, dont 28% à l'Arabie saoudite qui s'apprête à acheter quatre frégates aux États-Unis pour un montant de 11 milliards de dollars. L'Arabie saoudite est devenu le premier importateur d'armes : missiles, fusils d'assaut, Tornado, etc. L'Egypte s'est portée acquéreuse des deux BPC non livrés aux Russes (Moscou s'est engagé pour sa part à livrer à l’Egypte des hélicoptères et de l’équipement aux normes russes pour ces bâtiments pour un montant d'un milliard de dollars) et de 24 "Rafale". Le Qatar a passé lui aussi commande de 24 avions "Rafale" tandis que le Koweït a paraphé un accord portant sur la livraison de véhicules militaires, 24 hélicoptères "Caracal", et un programme de modernisation et de ses patrouilleurs P37. Un quart des officiers de la Marine koweïtienne et tous ses plongeurs sont formés par la Marine Nationale. Il est courant de voir des Saoudiens, des Koweïtiens et des Qataris suivre la même formation maritime.

En 1990, Saddam Hussein envahissait le Koweït, ce qui allait permettre aux USA de reprendre pied au Moyen-orient après l'échec de Téhéran. Peu de temps après l'invasion du Koweït (août 1990), l'Irak fut soumis à un embargo drastique de 1996 à 2003. Afin d'atténuer les conditions de vie difficile de la population, l'ONU adoptait le 14 avril 1995 une résolution permettant à l'Irak de vendre du pétrole en contre-partie de la nourriture et des médicaments. Ce programme autorisait Bagdad à vendre 500 000 barils de brut chaque semestre, soit une somme équivalente à 2 milliards de dollars. Le "fruit" de toutes ces transactions étaient placées sur un compte séquestre ouvert à la BNP de New York et sous la supervision de l'ONU. La ventilation des sommes récoltées prévoyait que sur chaque milliard de dollars de pétrole vendu : 300 millions seraient alloués aux victimes de la guerre du Golfe, 25 millions à couvrir les coûts du désarmement de l'Irak et 150 millions à l'aide des populations kurdes du nord de l'Irak. ce programme donna lieu à un vaste système de corruption impliquant près de 4 000 entreprises et le gouvernement de Saddam. Le système de rétro-commissions et de sur-facturations mis en place pouvait atteindre jusqu'à 30% des ventes de brut et 10 % de commission sur le volet humanitaire. Ces sommes étaient transférées vers des comptes offshore avant d'être rapatriées en "cash" et déposé à la banque centrale irakienne. Concomitant, le Raïs délivrait des bons de pétrole à des personnalités influentes dans l'activité de lobbying actives sur la levée des sanctions frappant son pays. Au mois de mars 2003, le programme était suspendu. La réserve fédérale traquait les dix milliards détournés dont 270 personnalités représentant 66 nationalités, auraient bénéficié.

Après l'implosion de l'URSS, les États-Unis devenus la seule superpuissance, vont rallier une coalition forte d'une trentaine de pays, de s'abattre sur l'Irak. Un volet souvent passé sous silence, Saddam Hussein avait été imprudent en annonçant qu'il souhaitait, dans le futur être payé non plus en dollars, mais en euros ! et les États du Golfe de vouloir constituer une monnaie unique! Imaginez le pavé dans la marre... La monnaie d'échange de l'or noir reste le dollar, quand cette devise se "rétracte", les revenus des pays producteurs sont "baissiers". Ces États et monarchies comptent probablement sur le pétrodollar pour honorer leurs commandes, et c'est là que le bât blesse. La crise pétrolière a déjà entrainé pour le Koweït un manque à gagner de 23 milliards de dollars, et le Bahreïn table sur un déficit de près de 4 milliards d’euros pour 2015. Certains États en seraient à repousser les échéances échues et ils envisageraient de renoncer à de grands travaux dans le secteur du BTP avant de procéder à des coupes dans les bénéfices accordés à leur population. Il faut savoir qu'une partie importante de la manne pétrolière a permis de financer la protection sociale, de dispenser les émiratis de travail. Sur 5 millions d'actifs, 3 millions sont des fonctionnaires et la main d'œuvre est majoritairement d'origine étrangère.

Cette monarchie qui se veut le phare de la religion musulmane n'hésite pas à en prendre à ses aises en privé. Le 26 octobre 2015, les douanier de l'aéroport de Beyrouth ont interpellé un prince saoudien alors qu'il s'appretait a embarquer dans un jet privé à destination de Ryad, dans lequel ont été découvert une quarantaine de bagages contenant deux tonnes de Captagon (amphétamine) et de la cocaïne. Le 26 octobre 2015, les douanier de l'aéroport de Beyrouth ont interpellé un prince saoudien alors qu'il s'appretait a embarquer dans un jet privé à destination de Ryad, dans lequel ont été découvert une quarantaine de bagages contenant deux tonnes de Captagon (amphétamine) et de la cocaïne. Autre exemple en date, trois employées en charge de la villa du prince Majed ben Abdoullah ben Abdoulaziz Al Saoud sise à Beverly Hills ont déclaré lors de leur audition par la police californienne, que le prince se livrait à des acte de sadisme sur ses employées, sniffait de la cocaïne, s'alcoolisait à outrance, qu'il s'entourait de prostitués pour satisfaire son appétit sexuel et qu'il aurait des relations homosexuelles avec certains de ses collaborateurs. Inutile de rappeler que de telles pratiques en Arabie sont passibles de peine de prison, de plusieurs centaines de coups de fouet, dans certains cas la décapitation en place publique.

Le Koweït s'est déclaré en "état de guerre" au mois de juin 2015 après l'attaque d'une mosquée chiite par l'État islamique, mais il se doit comme les autres États riverains de la péninsule, de protéger sa façade maritime. Et pour cause ! La plupart des infrastructures pétrolières situées sur le côté oriental de celles-ci se trouvent majoritairement peuplées de Chiites... Quant aux exportations, elles dépendent de la libre circulation des navires pétroliers qui empruntent le Canal de Suez (Égypte, Soudan, Éthiopie, Somalie, Yémen ) ou le détroit d'Ormuz (l'Iran, Oman, les Émirats Arabes unis, l'Arabie saoudite). La fermeture du Canal de 1967 à 1973 suite à sa nationalisation par l'Égypte, et l'intervention israélo-franco-britanique, a révélé l'appétit pantagruélique des deux grands pour cette partie du monde.

L'Arabie saoudite est le principal exportateur de pétrole du monde. En dix-huit mois, le prix du baril de brut a été divisé par deux, passant de 105 dollars à moins de 47 dollars mi-septembre 2015. La responsabilité n'en incombe pas seulement à l'Arabie Saoudite qui a cassé les prix, mais en raison aussi d'une offre excédentaire, d'un dollar fort, et des compagnies qui achètent plus de brut à l'Arabie Saoudite qu'à la Russie pour approvisionner leurs raffineries d’Europe. Le pétrole russe en provenance de l’Oural est passé à une cinquantaine de dollars par baril, soit un cours supérieur de quelques dollars au cours de l'OPEP. Du coup, le pétrole de la mer Caspienne (d'où la flotte russe a tiré des missiles sur les positions des rebelles syriens) et celui de l'Asie Centrale qui a été jusqu'alors peu exploité, s'immisce au cœur des débats.

Suite aux modifications territoriales intervenues en 1991, l’URSS et l’Iran ne sont plus les seuls États détenteurs de cette zone : l’Azerbaïdjan - le Kazakhstan - le Turkménistan sont venus s'y greffer et ce sont cinq pays limitrophes qui doivent s'en partager les richesses. Cette étendue d'eau soulève aussi un autre problème de droit international, s'agit-il d'une mer ou d'un lac ? Le traité soviéto-iranien de 1921 permettait l'exploitation des ressources à égalité entre l'URSS et l'Iran, conventions confirmées par le traité soviéto-iranien de 1940 faisant de la Caspienne "une mer soviétique et iranienne". Cette épineuse question n'a pas seulement une répercussion sur l'extraction, elle en a aussi une sur sur l’acheminement des hydrocarbures par des sea-lines (sur le fond) et pipes-lines (terrestres). Cette région posséderait 4 % des réserves mondiales de pétrole et environ 8 % des réserves de gaz, ressources qui la situe derrière la Russie et le Golfe persique et juste devant la mer du Nord. Les réserves de la mer Caspienne pourraient contribuer à répondre à la croissance des besoins mondiaux en énergie dans les dix ans à venir! L'Arabie saoudite a la ferme intention de reconquérir des parts de marché en Europe, allant va jusqu'à démarcher des pays d'Europe centrale, de se positionner en concurrent direct du pétrole russe qui représente près de 60% des exportations à destination de l’Europe. Avant le choc pétrolier des années 1970 ,l’Arabie saoudite exportait 50% de sa production en Europe contre seulement 6% aujourd'hui. 

Autre grand bénéficiaire du pétrole? Daesh et consorts. D'après les services de renseignement irakiens, l'État islamique serait en mesure de produire près de 30 000 barils de brut/ jour. Lors de ses avancées en Syrie et en Irak, l'EI a réussi a prendre le contrôle d'installations pétrolières dont la revente de brut entre 10 et 35 dollars le baril lui assure 40 millions / mois! Cette somme permet de verser à sa soldatesque une solde de 500 dollars mois, et d'acquérir de l'armement, des véhicules, du matériel de communication. Ce trafic leur aurait déjà rapporté plusieurs dizaines de milliards de dollars, et il ne saurait s'agir de la seule ligne comptable, dès qu'ils s'abattent sur une région, ils en pillent les banques, se livrent à la traite d'êtres humains, et demandent des rançons aux familles. l'EI peut compter également sur le soutien financier d'une partie de ses affidés : Arabie Saoudite - Koweït - Qatar adeptes du double, voire, du triple jeu.

On parle beaucoup de la Syrie et peu du Yémen où les Saoud et leur coalition (Egypte, Jordanie, Bahreïn, Maroc, Koweït, Soudan et Qatar) bombardent les Yéménites al-Houthi zaydites proches des chiites. L'ONU parle de plusieurs milliers de morts, certaines victimes brûlées vives par les bombardiers, de 1,5 millions de réfugiés et d'une dizaine de millions de civils privés d'eau.

Imaginez l'émoi suscité par les déclarations du premier ministre irakien au mois d'octobre 2015 lorsqu'il s'est dit favorable à des frappes aériennes russes contre le groupe État islamique en Irak ! Après l'axe : Iran, Syrie, Hezbollah, et la bienveillance de l'Égypte, le maillon irakien serait la goutte de pétrole qui ferait déborder le tanker. Le chef d'état-major interarmes américain, le général Joseph Dunford a averti les USA : "ne pourront mener des opérations en Irak si les Russes y sont déployés en même temps". Les cheveux ont dû leur dresser sur la tête le 23 octobre 2015 lorsque la Russie a créé le surprise lors d'une rencontre à Vienne, avec l'annonce d'une coordination de ses opérations militaires avec la Jordanie membre de la coalition atlantiste, Amman de rappeler que "la coopération entre la Jordanie et la Russie est ancienne."

L'État islamique, anciennement État islamique en Irak et au Levant a proclamé le califat islamique au mois de juillet 2015 sur les parties de territoires irakiens et syriens passées sous son contrôle et affiché son intention d'étendre son expansion à l’Europe, la Russie, l’Asie centrale et à l’Asie du Sud-Est (Le nord de la Chine connait, dans sa partie septentrionale, des attentats visant la population civile). La Russie a pris la décision de vouloir éradiquer la menace, en mettant en application le dicton " les amis de nos ennemis sont nos ennemis", cela vaut pour les sources de financement, qu'elles soient islamiques ou non. Le mot d'ordre est sus à Daesh.

Pour quelle raison l'Arabie Saoudite a-t-elle consenti à l'établissement d'un prix du baril aussi bas alors que les spécialistes s'accordent sur un prix d'équilibre aux alentours de 100 dollars? L'Arabie Saoudite a-t-elle agi afin de plaire à Washington dans le seul but de contribuer à l'affaiblissement de l'économie russe et de contribuer ainsi au renforcement des sanctions contre Moscou? Peu probable, car l'Amérique du nord a été "impactée" par la chute des cours et Riyad s'efforce d'arracher des marchés aux mains des compagnies pétrolières américaines et canadiennes. Les compagnies nord-américaines ont un coûts de forage d'environ 60 dollars le baril contre 20 pour Ryad. Leur riposte fut le gaz de schiste qui permet de rogner sur les coûts d'exploration, d'extraction et d'importation. Le royaume wahhabite pourrait en être le dindon de la farce, car la chute du baril de brut a une répercussion directe sur les finances du pays. Le déficit pourrait atteindre 100 milliards d'euros pour l'année 2015 ! Ryad, au lieu de s'alarmer au vu de la difficulté à rétablir l'équilibre des comptes, continue à dépenser sans compter.

A suivre


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vendredi 27 novembre 2015

LA PÉTAUDIÈRE DU PROCHE-ORIENT


Le Proche-Orient revêt une importance considérable, plaque tournante terrestre et maritime entre l'Afrique, l'Occident et l'Asie, il représente une source de matière stratégique, le pétrole, et constitue une position militaire de première grandeur. On comprend qu'il occupe depuis près d'un siècle le devant de la scène internationale. Nombre de situations actuelles semblent paraphraser un dicton bien connu : "Si nous n'en profitons pas, d'autres en profiteront". Tiennent-ils le même raisonnement à l'égard de leur sœur ou de leur épouse ? C'est sans conteste une autre façon de faire de la realpolitik.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'Égypte est protectorat britannique depuis novembre 1914. Le conflit terminé, elle est entièrement passée, au grand dam de sa population, sous le contrôle de la Grande-Bretagne. Le pays va lors connaître plusieurs années de grèves qui vont déboucher sur une insurrection générale. Le 21 février 1922, une déclaration met fin au protectorat anglais, sous la condition d'assurer la sauvegarde des voies de communication terrestres et maritimes à la Grande-Bretagne. Le 19 avril 1923, l'Égypte devenait une monarchie constitutionnelle héréditaire dirigée par le roi Fouad I° avant d'être admise auprès de la Société des Nations, l'ancêtre des Nations-Unis en 1937. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'Égypte fut le siège de violents combats entre la 8° armée du général Montgomery et l'Afrika corps du maréchal Rommel (El-Alamein), et n'entra en guerre le 27 février 1945 aux côtés des alliés.

Le 12 mars 1946, l'Égypte dénonça le Traité de 1936, ce qui aboutit le 17 novembre à la signature d'un nouveau Traité avec Londres. L'Angleterre s'engageait à évacuer le Caire et le delta du Nil avant le 31 mars 47, tout let territoire devant l'être avant le 1 septembre 49. Le 16 novembre 1950, les Egyptiens s'impatientent. Le premier Ministre réclame l'évacuation "immédiate et totale" troupes anglaises et l'union de l'Égypte et du Soudan. Londres accepte de négocier... Le 26 août 1951, date anniversaire du Traité, est marqué par de violentes échauffourées. Le 16 octobre, la Chambre et le Sénat proclament Farouk "roi d'Égypte et du Soudan", ce dernier étant sous occupation britannique. Le désarmement des policiers auxiliaires d'Ismalïa au mois de janvier 52 par les Anglais déclencha de violents troubles faisant 46 morts égyptiens et 3 du côté anglais. Le 23 juillet, le général Neguib lança un ultimatum au roi, l'invitant à abdiquer. La démonstration militaire dans les rues du Caire suffit à faire plier le roi d'Égypte et du Soudan, qui embarqua pour l'Europe. Son jeune fils fut proclamé Fouad II. Le 18 juin 1953, l'Egypte demeurée une monarchie, devenait une République.

Le 26 octobre 1954, Abdel Nasser fut victime d'une tentative d'attentat, l'organisation des Frères musulmans fut dissoute et ses membres emprisonnés. Nasser aspire à un grand dessein, celui de grouper les peuples arabes autour de l'Égypte, son arme, entretenir le panarabisme contre Israel, la Turquie, l'Angleterre et la France. Les pourparlers avec l'Angleterre furent paraphés le 27 juillet 1954. Les troupes britanniques se devaient d'évacuer leurs bases situées dans la région de Suez dans un délai de vingt mois, des techniciens civils anglais restant chargés de l'entretien des installations. Les troupes britanniques quittèrent l'Egypte le 18 juin 1955, après 72 années d'occupation. L'Égypte redevint complètement indépendante, cela ne lui était pas arrivée depuis 1517, année de son assujettissement à l'Empire ottoman.

Le Congres d'Héliopolis du 22 mars 45 porta la Ligue arabe sur les fonts baptismaux auprès des Nations-Unis. Cette organisation régionale d'inspiration égyptienne proposait de renforcer les relations entre les États adhérents, d'arbitrer les litiges pouvant les opposer (ses décisions n'étant exécutoires que pour les États signataires), et de se porter mutuellement assistance en cas d'attaque extérieure. Soutenue par la Grande-Bretagne, son influence s'affirma dans le proche-orient et l'Égypte ne tarda pas, sous la férule de Nasser, à prendre la tête de l'opposition anti-occidentale rejoint par la Syrie et l'Arabie Saoudite.

Si l'Arabie ne fut jamais assujettie à une puissance occidentale, les autorités britanniques avaient établi des conventions avec une vingtaine de petites principautés situées sur le pourtour méridional de la péninsule, depuis le Koweït (indépendance en juin 1961) au golfe persique, Bahreïn, Qatar, Mascate, Oman, le protectorat d'Aden. Dans les années cinquante, le Caire incita ces protectorats à se débarrasser du contrôle de la Grande-Bretagne et à reprendre en main leurs ressources pétrolières pour le plus grand bénéfice de la "Nation arabe". Un autre pays était resté à l'écart de l'influence occidentale protégé par une barrière montagneuse, le Yémen est un pays théocratique ultra conservateur qui fit son entrée à l'ONU en septembre 1947 avec l'appui bienveillant des États-Unis. Le 23 avril 56, le Yémen signait un traité militaire avec l'Égypte et l'Arabie Saoudite, avant de se rendre à Moscou qui lui proposa la construction d'un port à Hodeida. Le Yémen adhéra à la Confédération syro-égyptienne le 8 mars 1958 ce qui l'incita à chasser les Britanniques d'Aden.

Lorsque la Grande-Bretagne proposa au roi Abdallah de Jordanie d'adhérer au pacte Turco-iranien au mois de décembre 1955, cela déplut fortement aux Arabes qui l'accusaient déjà de soutenir leur pire ennemi, Israël. La Jordanie s'était emparée de la Palestine arabe et de Jérusalem. Après avoir traversé trois crises ministérielles, le roi promit de ne conclure aucune alliance avec les Occidentaux. Le 1° mars 1956, Hussein, en signe de bonne volonté à destination de : l'Égypte, la Syrie, l'Arabie et de sa population anti-Occidentale, renvoya Glubb Pacha, le fondateur de la Légion arabe. Les trois États l'en remercièrent et lui promirent une aide financière en remplacement de l'aide britannique perdue. Le 5 mai, la Jordanie signait un accord de défense avec le Caire.

Un fait allait venir brouiller les cartes, les élections d'octobre 1956 furent un véritable succès non seulement pour les nationalistes arabes, mais également pour les arabes pro-soviétiques. Le nouveau gouvernement annonça son intention de rétablir les relations diplomatiques avec l'URSS et réclamait l'abrogation du Traité d'alliance conclu avec la Grande-Bretagne. Le jeune roi Hussein n'entendait pas s'en laisser compter. Au cours de la réunion des "Quatre grands" tenue au Caire (février 57), il afficha son accord total et entier avec le roi Séoud d'Arabie, l'acceptation de la Doctrine Eisenhower, c'est-à-dire l'aide américaine ! La position de l'Arabie Saoudite peut surprendre en raison de l'opposition traditionnelle entre les Wahhabites et les Hachémites, mais le roi Ibn Séoud avait conclu fin 1943 un accord avec les États-Unis pour la construction d'une base aérienne à Dahran. Depuis, l'influence américaine n'avait cessé de s'étendre, principalement auprès de sociétés pétrolières Standard Oil et Aramco (American Arabian Oil Company) dont les royalties remplissaient les caisses du royaume d'Arabie. Avec l'affaire de Suez, le roi Ibn Séoud comprit que Nasser représentait un danger certain pour l'exploitation des champs pétrolifères de l'Arabie. Il choisit son camp. Le 5 février, le roi était reçu à Washington avec tous les honneurs d'un chef d'État et reconduisit la location de la base de Dahran de cinq années...

De retour à Aman, le roi Hussein profita de l'amnistie des prisonniers communistes pour demander au Caire et à Ryad la tenue d'une nouvelle conférence des chefs arabes afin de se prononcer sur la menace que le communisme faisait courir au Proche-Orient. Après la tentative déjouée d'un complot militaire, Hussein s'appuya sur les unités bédouines pour proclamer la loi martiale, prononcer la dissolution des paris politiques et le 25 avril former un nouveau gouvernement. Les Américains ne se contentèrent pas seulement de saluer le courage du jeune monarque, ils firent appareiller la VI° flotte qui fit route vers le bassin oriental méditerranéen, et accordèrent une aide financière à la Jordanie. Le Caire était "vert" de rage en constatant que les États-Unis avaient remplacé la Grande-Bretagne dans cette région du Proche-Orient. Une autre surprise attendait l'Égypte et la Syrie. Le roi Hussein allait se rapprocher de son cousin, le roi Fayçal d'Irak, et ensemble, ils allaient former le 14 février 1958, la Fédération hachémite Irako-Jordanienne.

Le Traité de 1930 par lequel la Grande-Bretagne reconnaissait l'indépendance de l'Irak lui avait permis à conserver deux bases aéronavales, une sur l'Euphrate, l'autre sur le Chott el Arab. L'Irak déclara la guerre aux puissances de l'Axe le 16 janvier 43. Le conflit terminé, ses ressources pétrolières semblaient devoir tenir l'Irak loin de l'agitation que connaissaient ses voisins. Les royalties rapportées par l'Irak Petroleum contribuaient à l'essor économique du pays. Le roi Fayçal conscient de l'emprise soviétique sur le Proche-orient, était partisan d'une coopération accrue avec les Occidentaux. Le 2 mai 1953, le roi Fayçal II qui venait d'atteindre sa majorité, était couronné roi le même jour que son cousin Hussein I°. L'année suivante, la Grande-Bretagne abolissait le traité de 1930 et s'engageait à retirer ses forces armées et à transférer ses bases aériennes sous commandement irakien. Le 1 juillet 1955, l'Iran adhérait au pacte de Bagdad, suivi le 11 octobre par le Pakistan.

Saddam Husein entendait faire de l'Irak une grande puissance régionale, l'opposition sunnite chiite et de vieilles querelles frontalières à propos du Chott al-Arab et de la province du Kohouzestan riche en pétrole l'opposaient à l'Iran. Saddam Hussein profita d'une purge au sein de l'armée iranienne pour lancer ses troupes, soutenu financièrement par l'Arabie Saoudite et le Koweït. En 1982, l'Iran connu quelques succès militaires, aussitôt, les États-Unis entreprirent de soutenir l'Irak et d'en protéger les convois pétroliers. On apprendra bien plus tard, que le gouvernement américain jouait un double jeu en livrant aussi des armes à l'Iran (affaire Irangate)... Lorsque le conflit se termina, six années plus tard (1,5 millions de morts), l'Irak se retrouva fortement endetté envers le Koweït. C'est alors que le Koweït accrut sa production de pétrole, ce qui eut pour résultat une baisse des cours et de contrecarrer les intérêts de l'Irak à rembourser ses dettes. Au mois d'aout 1990, l'Irak envahissait le Koweït. Des forces américaines furent dépêchées à la hâte afin de protéger les installations pétrolières en Arabie Saoudite. L'ONU vota une résolution exigeant le retrait des troupes irakiennes. Une coalition forte d'une trentaine d'États lança l'opération aérienne Tempête du désert, suivie le 24 février de l'opération terrestre Sabre du désert. Le 27, le président George Bush annonça la libération du Koweït. Plusieurs mois allaient être nécessaires pour éteindre les incendies qui ravageaient les puits de pétroles, et qui allait donner lieu à d'étranges affaires financières et autres arrangements. Le 20 mars 2003, les États-Unis et la Grande-Bretagne réunissaient une nouvelle coalition pour envahir l'Irak sans l'aval de l'ONU. Ce nouveau conflit allait avoir d'énormes répercussions dans tout le Proche-Orient et en Europe par ricochet. Non seulement Bush père & fils n'ont rien fait pour éviter l'islamisme de gangrener la société occidentale, mais l'y ont précipitée.

Depuis les attentats de septembre 2001, les États-Unis cherchent sans relâche à rallier les Occidentaux à leur point de vue, fusse en leur mentant ou en leur taisant des informations. Si le différent est porté devant les Nations-Unies et que ces dernières se refusent à cautionner toute action militaire, la raison du plus fort ou du plus riche prévaut. Elle a valeur de diktat et l'opération militaire se pare alors du "droit d'ingérence et d'action humanitaire". L'intervention de l'OTAN en 1990 contre la Yougoslavie avait en son temps suscité de très vives critiques, ne répondant pas à une résolution de l'ONU et elle avait été déclenchée sans qu'aucun pays de l'OTAN ne soit attaqué, contrevenant à l'esprit même de sa charte.

La vérité est plurielle et une dictature, à ne pas confondre avec la tyrannie, peut comme bien d'autres choses, se révéler la pire ou la meilleure forme de gouvernance. Qu'elle soit imposée par un clan, une coalition, ou par les circonstances, les peuples la subissent toujours en réaction à un déséquilibre. La dictature a plusieurs visages et ceux qui la rejettent un peu trop vivement semblent ignorer qu'ils s'y dirigent parfois et qu'il peuvent se transformer, à leur tour, en véritables tyrans.

A SUIVRE

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samedi 14 novembre 2015

     DE LA PERSE À L'IRAN 


Le 1° décembre 1943, Churchill, Roosevelt et Staline s'engageaient à respecter l'indépendance ainsi que l'intégrité territoriale de l'Iran occupée depuis avril 41 par les troupes britanniques et soviétiques, dans le but d'assurer la protection de leurs transports. Le 16 novembre 45, une insurrection armée éclatait en Azerbaïdjan et le 12 décembre, un gouvernement communiste était constitué. Le chef de gouvernement déclara son intention d'étendre le régime à toutes les démocraties populaires et à l'Iran. Les Américains renforcèrent aussitôt leurs effectifs afin de faire échec aux ambitions de l'URSS qui avait déjà fomenté une rébellion contre Téhéran. L'occupation de l'Azerbaïdjan, pays situé aux marches de l'Irak et de l'Inde, représentait pour Moscou une place prééminente au Proche-Orient. Les Soviétiques firent savoir que leurs unités militaires resteraient stationnées en Azerbaïdjan et au Kurdistan Iranien jusqu'au retour au calme. Le président Truman décidé à ne pas s'en laisser compter adressa un ultimatum à l'URSS lui enjoignant de quitter le territoire Perse sans délai. Le 8 mai, les troupes soviétiques se retiraient et trois mois plus tard, l'Iran signait avec les États-Unis un traité d'assistance militaire. Le 5 février 49, le parti communiste (le Toudeh) était interdit en réponse à une tentative d'attentat contre le Shah.

Le 31 août 1907, les Anglais et les Russes se partageaient la Perse. La convention anglo-russe divisait la Perse en deux zones d'influence séparée par une zone neutre. Pendant la Première mondiale, la Perse devint un champ de bataille pour les Anglais, les Russes, les Turcs, et l'Anglo-Persian Oil Company devint une ? d'une importance vitale. Au sortir de la guerre, la Perse se trouva plongée dans le chaos, ses caisses étaient vides et la famine sévissait. Le Congrès des communistes musulmans, Moscou 1919, estima que la Perse était la plus apte à voir l'expansion des partis communistes locaux. Le 4 juin 1920, la République socialiste soviétique de Gilan était proclamée et avec elle la création du Parti communiste de Perse. L'aventure ne dura qu'une seule année. Les Soviétiques émirent l'idée que la Perse n'était pas préparée pour une "révolution bourgeoise." La Perse était passée d'une société islamique à une monarchie constitutionnelle en 1906, mais c'est par un coup d'État (21 février 1921) portant le Shah Reza Pahlavi sur le trône, que la Perse traditionnelle muta en l'Iran moderne.

Le Shah désireux de libérer l'Iran de toutes les influences économiques étrangères se tourna vers les États-Unis pour lancer un programme de modernisation. Les pays occidentaux étaient surtout haïs en raison des capitulations, privilèges d'extraterritorialité accordés aux étrangers résidant en Iran. La capitulation abolie le 10 mai 1928, de nouveaux traités furent conclus avec : l'Autriche, la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-bas, la Suède, la Tchécoslovaquie. L'Iran en profita pour revendiquer l'île de Bahreïn alors protectorat anglais... L'année précédente, l'URSS avait annulé tous les traités conclus par le Tsar et supprimé les dettes contractées par la Perse. Parmi les réformes qu'apporta le régime du Shah : l'instruction & des cours du soir pour adultes inspirés des écoles européennes, le système juridique fut soustrait à l'autorité religieuse au bénéfice des juridictions civiles et laïques. Ces mesures allaient entraîner une mutation et un bouleversement de la société.

L'URSS conservait la main mise sur l'Iran qui était obligé de lui vendre ses matières premières avant de les lui racheter sous forme de produits transformés ou de les échanger contre d'autres marchandises. Dans les années trente, le commerce de l'Iran réservé à l'URSS représentait un tiers des échanges. En 1938, le Shah ordonna l'interruption de ces échanges et se tourna vers l'Allemagne, puissance qui n'était jamais intervenue dans les affaires perses.. Cette dernière mit à disposition son assistance technique dans quasiment tous les secteurs industriels iraniens. Lufthansa inaugura la liaison Berlin-Bagdad-Téhéran. Le 25 août 1941, les armées britanniques et soviétiques envahirent l'Iran et prirent le contrôle du chemin de fer transiranien. Le Shah abdiqua au profit de son fils au mois de septembre. Les alliés conclurent le Traité d'alliance tripartite le 29 janvier 42 au terme duquel ils s'engageaient à se retirer dans les six mois après la fin des hostilités. Le 15 décembre 45, la révolte kurde éclatait, poussée par l'URSS. En 47, les États-Unis s'engagèrent à assurer l'indépendance iranienne (doctrine Truman).

Le ciel commença par s'assombrir à partir de l'année 1951 avec la nationalisation du pétrole iranien et l'éviction de l'Anglo-Iranian Oil Company (AIOC), les plus grandes raffineries au monde, installées à Abadan sur le golfe persique. Des grèves et l'agitation nationaliste contraignirent le gouvernement à proclamer l'état de siège dans l'État du Khouzistan. Le président du conseil, le général Razmara, fit remarquer que l'Iran ne disposait pas des moyens techniques suffisants pour exploiter lui même les régions pétrolifères. Le 7 mars, il était assassiné par un membre des "frères de l'islam". Le 10 juin, le leader du parti nationaliste, le Dr Mossadegh qui avait succédé au général Razmara, faisait hisser le drapeau iranien sur le siège social de l'AIOC situé à Khoramshan. Le 3 octobre, les Anglais qui avaient refusé à l'unanimité de travailler sous les ordres de la nouvelle entité, quittaient la zone sans incident. L'Iran exigea la fermeture de tous les consulats sous prétexte qu'en outrepassant leurs compétences, ils intervenaient dans les affaires intérieures iraniennes. Le 16 octobre, le Dr Mossadegh rompait les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne.

Au mois de juillet, le mollah Kashani souleva la foule contre Mossadegh en soutien au Shah Reza Pahlevi. Mossadegh évincé, se rapprocha du parti communiste iranien avant d'être arrêté le 19 août par l'armée et condamné à 3 ans d'emprisonnement. La Grande-Bretagne et l'Iran rétablirent leurs relations diplomatiques. L'exploitation pétrolière fut accordée pour une durée de 25 ans à un Consortium constitué des sociétés : anglo-iranian (40%), Shell (14%), cinq compagnies américaines (40%) et la Compagnie française des pétroles (6%). L'Iran redoutant une ingérence soviétique, se rallia au camp occidental et adhéra le 11 octobre 1955 au Pacte de Bagdad.

La société iranienne se transforma profondément, une élite occidentalisée apparut et l'industrialisation vida les campagnes. L'exode rural provoqua, misère et chômage et le mécontentement ne pouvait, en raison de la censure, s'exprimer librement. La grogne se répandit dans les mosquées, parmi les doléances exprimées, le départ du Shah, véritable aubaine pour un certain ayotollah Khomeyni qui aspirait à l'établissement d'une République islamique, et la mise au "rancard" de la laïcisation et de l'occidentalisation du pays. Le Shah opta pour la répression afin de prévenir toute nouvelle insurrection populaire, et procéda à une forte militarisation. En 1978, les soldats refusèrent de tirer sur la population qui manifestait. Le Shah privé du soutien de son armée, s'enfuit aux États-Unis. La République islamique fut proclamée le 1° avril 79. Au mois de novembre, les "étudiants de la révolution" envahissaient l'ambassade des États-Unis à Téhéran, suivie de la crise des otages qui ne prendra fin qu'en janvier 1981. Le Shah considéré comme le fantoche des États-Unis était décédé et le nouveau président Ronald Reagan avait promis de débloquer les avoirs iraniens gelés. L'argent n'a ni morale ni d'amis.

A SUIVRE

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mardi 3 novembre 2015

LE "MIKADO" LIBANO- ISRAËLO - PALESTINIEN   


Le 2 novembre 1917, la Grande-Bretagne donnait son accord en réponse à la déclaration Balfour qui stipulait : "l'institution en Palestine d'une patrie nationale pour le peuple juif", ancienne possession turque peuplée d'un million d'Arabes et d'une centaine de milliers de Juifs. L'immigration juive en provenance principalement d'Europe, allait poser un problème délicat. En 1946, la population israélite en Palestine représentait 600 000 colons tandis que la population arabe se trouvait progressivement refoulée vers l'intérieur, d'autres en exil. Les mouvements sionistes (Irgoun et Stern) vont avoir recours à l'immigration clandestine pour le peuplement de la région et aux attentats contre les forces britanniques d'occupation qui en vinrent à proclamer la loi martiale en janvier 1947 et de porter le litige devant les instances de l'ONU. Le 29 novembre, l'ONU se prononça pour un plan de partage en deux États indépendants et libres de tout mandat britannique. De violents combats allaient opposer les Arabes aux Juifs. Le 14 mai 1948, le haut commissaire britannique quittait la région et les Juifs proclamaient l'indépendance de l'État d'Israël reconnu aussitôt par les États-Unis et l'URSS.

L'ONU désigna le Comte Bernadotte comme médiateur, mais les belligérants refusèrent de se rendre à la conférence de la paix réunie à Rhodes. L'Égypte lançait de son côté des appels au soulèvement des armées arabes. Le 4 juillet, Israël proclamait la mobilisation générale, le 9, le roi Abdallah soutenu par tous les peuples de la Ligue arabe déclenchait une offensive. Bernadotte était assassiné par un activiste israélien le 17 septembre 48 à la veille d'un nouveau plan de paix adressé à l'ONU. A la surprise des pays arabes, ces derniers furent vaincus. L'Égypte défaite signa le 24 février 1949 un armistice qui entérinait l'occupation de la quasi totalité du Néguev par les Israéliens. Le roi de Jordanie rattacha son royaume à la Palestine au grand dam de ses alliés. Le 11 mai 49, l'État d'Israël fut admis à l'ONU. Au mois de décembre, l'État hébreux transférait sa capitale de Tel-Aviv à Jérusalem et le roi Abdallah installa sa légion dans les vieux quartiers arabes de la ville. Une décision de l'ONU internationalisa la cité et les lieux saints.

Les incidents se multiplièrent, les occidentaux de calmer le jeu en rappelant la déclaration tripartite américano-anglo-française de 1951 garantissant les frontières d'Israël aux deux parties. En 1956, Israël se montra inquiet des livraisons d'armes soviétiques aux Égyptiens. Seule la France leur avait livré quelques avions au jeune État, la Grande-Bretagne et les États-Unis restant soucieux de ménager les pays arabes. Au mois de juillet survint la crise de Suez. Le 12 octobre, l'Irak se déclarait prête à expédier des troupes en Jordanie. Israël, menacé d'être pris en "tenaille" entre l'Égypte et l'Irak, déclencha une action préventive. Le 29, les troupes israéliennes s'enfonçaient dans le Sinaï et parvenaient aux abords du canal de Suez. Le 31, les troupes franco-anglaises débarquaient dans les environs de port Saïd. L'opération militaire suscita la réprobation des USA et l'URSS. Le Conseil de sécurité enjoignit aux Britanniques et aux Français d'évacuer la zone du canal et aux Israéliens de se retirer jusqu'à la ligne d'armistice de 49. Israël, soutenu par la France, demanda à conserver le contrôle de la bande de Gaza qui n'a jamais été une partie de l'Égypte, et son maintien dans le golfe d'Akaba. La réponse fut négative et l'enclave de Gaza occupée par un contingent de l'ONU. Le 4 mars 1957, les Israéliens quittaient Gaza. Quatre mois plus tard, deux navires affrétés par l'État d'Israël franchissaient le canal. Au mois de novembre, les pays arabes rejetaient la proposition israélienne du rapatriement d'une partie des réfugiés palestiniens en Israël. Pendant la guerre de 48, près de 600  000 arabes sur une population de 780 000 avaient fuit la Palestine.

En 67, l'Égypte décida le blocus du détroit de Tiran et elle expulsa les forces de l'ONU du Sinaï. Nasser appela tous les Arabes à participer à la destruction d'Israël. L'État hébreux lança une offensive aérienne et terrestre dans le sud-ouest et s'empara de la bande de Gaza et du Sinaï (guerre des six-jours). La Syrie et la Jordanie en profitèrent pour attaquer au nord et à l'est. L'attaque fut non seulement repoussée, et Israël occupa la Cisjordanie (territoire jordanien) et le plateau du Golan (Syrie). Le 6 octobre 1973, le jour de la fête juive de Yom Kippour, l'Égypte et la Syrie bien décidées à reconquérir le Golan et le Sinaï lançaient une nouvelle offensive contre Israël. Après plusieurs semaines de combats à l'issue incertaine, les États-Unis se décidèrent à soutenir l'État hébreux et à pourvoir à son ravitaillement par la mise en place d'un pont aérien. En 1979, le secrétaire américain Kissinger parvint à réunir l'Égypte et Israël pour les négociations de Camp David et la signature du Traité de paix, acte qui entraîna l'exclusion de l'Égypte de la Ligue arabe et l'assassinat du président Anouar al Sadate par des islamistes en 1981.

Au Liban, la situation fut plus calme, dans son ensemble, qu'en Syrie. Les communautés chrétienne - druze - musulmane avaient vécu côte à côte depuis des siècles et sans rencontrer de problèmes majeurs. L'occupation française au Liban qui avait commencé le 8 octobre 1918 avait succédé à un Gouvernement hachémite, illégal, pour prendre fin le 31 décembre 1946. Le 17 septembre 1952, le président au pouvoir depuis neuf ans fut contraint de démissionner, remplacé par un homme porté au pouvoir par le commandant de l'armée libanaise. Le Liban, pays le plus occidentalisé de la région, s'est longtemps tenu à l'écart du panarabisme et des conflits régionaux tout en se gardant d'adhérer au pacte de Bagdad et à l'alliance égypto-syrienne, lui préférant la doctrine d'Eisenhower.

L'opposition anti-Occidentale allait fomenter une agitation et conduire à de graves crises. L'OLP dirigée par Yasser Arafat réussit à implanter une enclave dans le sud du Liban et à proximité d'Israël d'où partaient des fedayins. En 1982, Israël, de guerre lasse, attaqua le Liban en représailles à des incursions sur ses frontières nord. Une année plus tard, Tsahal en avait chassé l'OLP (qui se réfugia en Tunisie) avec le renfort des milices chrétiennes et contrôlait un tiers du Liban. Israël se retira du Liban en 85, excepté de la frontière sud qui jouxte celle d'Israël (le retrait définitif et total interviendra en 2000). En 1987, un colon israélien tua une écolière palestinienne d'une balle tirée dans le dos. L'OLP, le Djihad islamique et le Hamas allaient être à l'origine de l'Intifada (guerre des pierres) et de surenchères.

La répression israélienne parvint à contenir l'Intifada, mais la situation intérieure allait diviser fortement l'opinion israélienne. C'est un modéré, Yitzhak Rabin, qui fut élu en 1992 au poste de Premier ministre. Le 13 septembre 1993, Rabin et Arafat signaient les accords d'Oslo qui garantissaient le retrait israélien de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, régions dans lesquelles la population subissait durement les conditions imposées par l'occupant, premier pas vers la création d'un État Palestinien. Les questions liées aux implantations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, au statut de Jérusalem et à la sécurité des frontières restaient en suspens. En 1995, Yitzhak Rabin était assassiné par un Israélien opposé à tout compromis avec les Arabes. Aucun de ses successeurs n'allait vouloir accéder aux doléances palestiniennes. Au mois de septembre 2001, Sharon fraîchement élu Premier ministre, entreprit de réoccuper la Cisjordanie et de faire ériger un mur destiné à prévenir l'infiltration de fedayins en territoire israélien. En 2005, les forces israéliennes quittaient la bande de Gaza, et en 2015, la Palestine siégeait à ONU.

L'État hébreux est devenu un acteur de poids incontournable au Proche et Moyen-Orient. Les nombreuses tensions latentes dans cette région ou dans la péninsule arabique sont loin d'avoir disparu. Le moindre incident est capable à tout instant de raviver des rancœurs très vivaces. Bouger la moindre pièce revient à en ébranler une autre comme dans un jeu de "Mikado", ou l'effet papillon.


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dimanche 25 octobre 2015

QUI TIRE LES FICELLES EN SYRIE ?



Le conflit en Syrie a constitué une véritable aubaine pour la Russie qui entend bien profiter de son intervention pour s'implanter plus durablement au Proche-Orient que  ne le fit l'Union soviétique. Après l'implosion de l'URSS, la CEI a perdu, entre-autre, la Crimée et sa flotte de la Mer noire, de ne conserver que le port syrien de Tartous où la Russie est présente depuis 1971, et Moscou semble, pour l'instant, avoir assujetti sa puissance militaire au service de sa diplomatie dans cette région. La Flotte peut être projetée en Méditerranée via le Bosphore et rejoindre le Canal de Suez, déboucher sur l'Océan indien, et le Détroit de Gibraltar livrant accès à l'Océan Atlantique. Autres atouts de leur présence, l'implantation d'un centre de renseignement (recueil, traitement, analyse), verrouiller le Caucase central et une partie de l'Asie centrale afin d'y prévenir et contenir le risque islamique et de se rallier une partie des musulmans modérés.

Au plan géostratégique, les alaouites (branche du chiïsme) occupent la région la plus fertile de la Syrie dont la bande littorale facilite le commerce maritime, ensuite, l'axe nord : Homs Hama, Alep, et l'axe sud vers Zabadani et Damas représentent les deux artères du pays. Plus à l’est, la vallée de l’Euphrate serpente de la frontière turque en direction du sud-est, desservant les villes de : Raqqa, Deir ez-Zore, et d'Abul kamal proche de la frontière irakienne, axe de pénétration pour Daesh. Pour les partisans d'une présence au sol, une remarque de tactique militaire s'impose, une division n'occupe qu'une largeur d'une dizaine de kilomètres et sa profondeur est d'environ 120 kilomètres...

L'intervention russe aux côtés du régime syrien et de l'Iran a non seulement eu un effet très positif sur le moral des combattants loyalistes, elle semble déplaire fortement à l'axe pro-atlantique soutenu par la : Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar, jusqu'aux islamistes eux mêmes. Le 13 septembre 2015, L'État islamique et Al-Qaïda ont menacé la Russie, deux obus tirés par des rebelles islamistes sont tombés dans l'enceinte de l'ambassade russe à Damas. Ce conflit initié en mars 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée qui s'est mué en guerre civile et entraîné une crise migratoire sans précédent, en fait un des plus complexe en raison de la multitude des protagonistes d'obédience très différentes ; Sunnites/Chiites, Islamistes/musulmans, Daesh (branche syrienne d'Al-Qaïda) et le Front Al-Nosra, par exemple, se font la guerre et combattent séparément le régime de Bachar al-Assad honni par le gouvernement socialiste français.

Si Russes et Occidentaux bombardent l'EI, personne ne semble s'accorder sur le choix des frappes ni sur le soutien aux rebelles présents sur le terrain. Vladimir Poutine a rétorqué à Barak Obama qui s'inquiétait sur le choix des cibles détruites par l'aviation russe : "donnez-nous l'emplacement des cibles islamiques et nous les détruirons". Force est de reconnaître que les 4000 frappes de la coalition au Proche-Orient semblent n'avoir amoindri aucunement la capacité de nuisance des islamistes. Que veut le camp atlantiste, remporter une victoire définitive ou seulement épuiser leur(s) adversaire(s) et ainsi lui permettre de se "refaire une santé" et plus tard de présenter une nouvelle menace ? Une nouvelle victoire à la Pyrus. S'il est de notre devoir moral de se pencher sur les révolutions du Proche-Orient, une autre question se pose, quel est notre intérêt à intervenir, à compatir ou s'en désintéresser ? Qui a raison, Moscou déterminée à en finir avec l'islamisme, Paris qui privilégie le départ d'Assad, ou Washington qui semble vouloir faire cavalier seul ?

Une chose est certaine, l'histoire contemporaine nous a montré que seuls des bombardements destructeurs et meurtriers peuvent mettre un terme à certains conflits. Pendant la guerre en Irak, les États-Unis ont déversé des tonnes de bombes sur Falloujah (2004), opérations qui n'ont aucunement empêché Al-Qaïda en Irak (l'ancêtre de Daech) de quitter la ville pour s'installer à Mossoul. Ce sont les bombardements, notamment sur : Dresde et la Ruhr qui ont permis l'armistice de 45. On ne parlait pas encore de frappes chirurgicales mais de "tapis de bombes". L'"axe du mal" était alors tout simplement les forces de l'Axe avec d'un côté le bien et de l'autre le mal indifférencié. Ceux qui n'étaient pas avec nous, étaient contre nous. Existe-t-il des rebelles musulmans modérés ? Les États-Unis qui ont livré des armes, des véhicules, des missiles antichars et instruit des groupes rebelles, ont eu la désagréable surprise d'en voir certains passer avec armes et bagages chez l'adversaire...

Au mois de juin 2015, l'Égypte marquait sa défiance à l'égard du wahhabisme et de sa pétro-monarchie soutenus par Washington avec l'accueil du "Congrès fondateur de l'opposition démocratique syrienne" au Caire. Le président égyptien de confirmer son engagement en recevant le chef des services de renseignements syriens et déclarer "La Syrie constitue la première ligne de défense de l’Égypte en ce que les deux pays combattent le même ennemi commun, La confrérie des Frères Musulmans". Faisons un aparté sur le wahhabisme qui rejette non seulement les "mauvais Musulmans" mais aussi les Chrétiens, les Juifs et l'Occident. Cette doctrine est née de la rencontre en 1742 de Mohamed Ben Abd al Wahhab, un réformateur religieux expulsé de sa tribu pour avoir prêché le jihad contre les mauvais musulmans (nda: ceux qui se permettaient d'interpréter le Coran selon leurs propres intérêts) qui peuplaient la Mecque, et Mohamed Ibn Séoud un chef tribal dans la région du Nadjd (non assujettie à l'Empire ottoman) située au centre de l'Arabie qui voulait soumettre toutes les tribus régionales. Toute ambition musulmane reste étroitement liée à la religion et aucune réforme ne peut aboutir sans le soutien d'une tutelle "politique". L'Arabie Saoudite présente une identité particulière, elle contrôle les activités religieuses, politiques et économiques. Ceux qui y exercent le pouvoir dépendent matériellement de l'économie, c'est l'antithèse du marxisme ! Pour ces derniers, c'est le rapport de classe qui détermine les relations, non la religion ni l'histoire national, pas plus la propriété privée.

Reprenons le fil de notre lecture, deux événements économiques majeurs sont intervenus en Égypte, l'élargissement du Canal de Suez (Août 2015) et la découverte d'importantes réserves en gaz suffisantes aux besoins du pays et à ravitailler l'Europe plaçant l'Égypte en concurrent du Qatar. l'Égypte qui s'est portée acquéreuse des 2 BPC et d'une quinzaine de Rafale, entend bien devenir un acteur incontournable au Proche et au Moyen Orient. Les grands gagnants pourraient être l'Égypte, l’Iran, la Russie de voir se concrétiser un de ses souhaits historiques.

Les pays bienveillants à l'égard de la Russie sont les mêmes que par le passé, ceux favorables à l'occidentalisation, à une forme républicaine, pour l'émancipation de la femme, et pour lesquels le communisme n'est plus de mise. Pour Poutine, il ne s'agit plus d'imposer une idéologie, un modèle économique (marxisme), de gouvernance, de contester une existence divine, de conquérir des territoires aux Proche et au Moyen-Orient. Vladimir a compris que l'Islam n'a pas de patrie, que l'Ouma a comme l'URSS d'antan, une volonté hégémonique de voir un Califat à majorité sunnite s'établir.

Si le communisme commença vraiment à se répandre au sein des pays arabes dans les années vingt prenant pour prétexte la libération d'une présence étrangère et de l'impérialisme occidental, il avait émergé vers la fin du XIX° siècle. En 1800, la Russie annexa la Géorgie et le traité de Gulistan (1813) priva la Perse de toutes ses provinces riches du Caucase qui fut contrainte en 1828 de céder encore d'autres territoires. La création de l'Afghanistan et l'occupation de la Transcaspie allaient s'en suivre. Quelques années plus tard, des tracts circulaient invitant les Arabes et les Chrétiens de Syrie à s'unir et à refuser la domination Turque au profit de l'"Ouma arabe" où la notion de patrie reste inconnue. Sous la domination ottomane, les Arabes pouvaient circuler librement dans tout le Proche-Orient, ce qui explique en grande partie le comportement des migrants actuels et pourquoi ces peuples peuvent encore rejoindre la Turquie sans visa. Le sentiment anti-ottoman allait gagner l'Égypte et le Soudan irrités de la présence britannique.

Les Bolchéviques allaient vouloir implanter le marxisme où il était le plus susceptible de venir fusionner avec le nationalisme arabe et le renforcer. Cette tentative allait accélérer après la Première Guerre mondiale avec la présence d'agents d'influence : Allemand, Anglais, Français, Russes et d'anciens prisonniers de guerre de retour dans les pays islamiques. Quelques cellules se rallièrent à la troisième internationale en : Turquie, Perse, Égypte. Pour l'Union soviétique, il s'agissait surtout de briser l"encerclement" de la Russie en encourageant les régimes non inféodés à l'Occident à venir rejoindre le communisme.

Le 23 novembre 1917, les Izvestia et la Pravda publièrent des minutes des accords Sykes-Picot du 16 mai 1916 qui faisaient mention du partage par les alliés des pays arabes dans le seul dessein de soulever les populations arabes. Les Alliés avaient promis aux Arabes de les libérer de la présence turque. La tentative communiste allait d'abord s'appuyer sur le système des mandats accordés le 20 avril 1920 sur les anciennes provinces turques et soulever la question du panarabisme, unité : de langue, religieuse, sociale, politique. Pour les Bolchéviques, l'avènement du communisme dans les pays musulmans se devait de reposer sur une révolution sociale, l'émancipation et la revanche des peuples colonisés sur l'Occident chrétien. La Turquie, estimée la plus disposée, allait servir de "laboratoire" à la dialectique marxiste. L'axiome fut de calquer le communisme sur le nationalisme turc. Cela déboucha sur la fondation du Parti socialiste des ouvriers et paysans turcs au mois de septembre 1919. Le 26 avril 1920, Mustapha Kemal proposait à Lénine le réouverture des relations diplomatiques. Un traité d'amitié entre l'URSS et la Turquie fut signé le 16 mars 1921, traité qui s'étendra à la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan. En 1922, le Parti communiste turc organisait ses premières assises à Ankara, il fut aussitôt déclaré illégal.

Au mois de mai 1920, les soviétiques avaient débarqué à Enzeli en Perse et proclamé la République socialiste soviétique de Gilan (4 juin) qui sera renversée en novembre 1921. L'arrivée du Shah en 1925 allait balayer les communismes. Le Parti fut interdit en 1928 ce qui contraignit ses 1500 membres à se réfugier dans la clandestinité. Le déclin des Partis et des cellules communistes était proche. Le noyaux socialistes du Caire, d'Alexandrie, de Port Saïd, par exemple, qui prônaient l'unification du Soudan à l'Égypte et la nationalisation du Canal, ne comptaient que 2000 membres en 1924. le Parti irakien fut lui aussi déclaré hors la loi en 1933. Les marxistes conclurent que les nationalistes étaient xénophobes alors que le communisme recherchait, lui, la lutte internationale des classes laborieuses.

L'URSS avait conclu le 13 novembre 1940, un traité avec l'Axe en catimini : " L'URSS déclare que ses aspirations territoriales se situent au sud de son territoire national en direction de l'Océan indien." (Le nord de l'Iran était occupé par l'Armée rouge). Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS va encourager les mouvements séparatistes des régions qu'elle occupait à promouvoir la révolution communiste. L'Union soviétique lança une série d'activités subversives. En Azerbaïdjan, le Parti démocrate s'empara du pouvoir le 4 novembre 45 au moyen d'un coup d'État. La République autonome d'Azerbaïdjan fut proclamée le 13 décembre 45. La révolte kurde éclata le 15 décembre. Au mois de novembre 46, l'armée iranienne intervint en l'Azerbaïdjan et au mois de décembre s'en était fini du régime de la province et l'autorité du gouvernement central promptement rétabli.

En 1947, aux USA la doctrine Truman englobait : l'Iran, la Turquie, la Grèce. Pour l'Égypte, les anciennes puissances coloniales avaient un devoir d'aide aux pays dont ils avaient retiré un avantage. Les principaux pays à bénéficier de ces aides économiques et de l'assistance américaine : la Turquie, l'Iran, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, et pour l'URSS : l'Afghanistan, l'Égypte (1960), l'Irak, le Soudan, la Syrie. Ces aides allaient avoir des répercussions économiques, sociales, culturelles et être à l'origine de véritables mutations sociétales. Le différent entre l'URSS et la Chine de 1962 viendra fissurer l'idéologie soviéto-marxiste. Un nouvel acteur, Mao Tse Tong, et une nouvelle doctrine, le maoïsme, venaient d'émerger. La question Ouïgour ne se posait pas encore.

L'islam est devenu un élément culturel et objet de développement de centaines de micro et macro-sociétés locales, en même temps que la composante subjective de centaines de millions de fidèles réparties à travers la planète que rien n'unit, sinon la religions. Gardons-nous de confondre société et communauté. Une communauté forme un groupe au sein d'une société où d'autres communautés coexistent, chacune ayant conservé leurs propres façons de vivre. Le critère d'une société reste lié à la souveraineté exercée sur un territoire, ce que revendiquent les Kurdes répartis sur quatre États, mais aussi les Palestiniens avec un territoire et un État. Ni le communautarisme ni l'assimilation n'ont réussi à régler les problèmes inter-ethniques. Lorsqu'une communauté bénéficiant d'une même culture et mémoire collective revendique pour elle seule l'appropriation d'une partie de territoire transformée en État, la discrimination ethnique devient la "norme", son paroxysme? l'épuration ethnique !

A SUIVRE

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mercredi 14 octobre 2015

UNE NOUVELLE FORME DE CONFLIT MONDIAL ?


Le Proche-Orient actuel représente une zone de tensions internationales où un dangereux "cyclone" pourrait bien venir s'y former. L'unité géographique du Proche-Orient est loin de se refléter dans une unité politique, la démocratie cadrant mal avec les mentalités arabes et islamiques. Si les Musulmans sont capables de s'unir, ce n'est que momentanément. Ils représentent une mosaïque de peuples divisés depuis des siècles par leur hérésie, et les États formés n'ont acquis leur souveraineté que très récemment. Les révoltes et les coups d'État militaires y ont remplacé nos crises parlementaires. L'évolution progressiste fut surtout sensible en Syrie, Liban, Égypte, Iran, Irak, pays dans lesquels l'ethnie arabe n'est pas toujours majoritaire, divisée en Sunnites, Chiites, Druzes, etc.

Le 25 juillet 1920, l’armée française titulaire d'un mandat de la Société des Nations au Levant portant sur la Syrie et le Mont Liban faisait son entrée à Damas et les Britanniques en Palestine et en Irak (Mésopotamie), en application des accords Sykes-Picot. Les troupes du général Gouraud ne rencontrèrent qu'une faible résistance des troupes syriennes. La population fut d'abord satisfaite d'être enfin débarrassée du joug Ottoman et la mission était noble, la France était : "chargée de mener la Syrie à l’autodétermination politique, c'est-à-dire à l’indépendance dans les plus brefs délais  et de protéger son intégralité territoriale".

La France va mettre en place l'ébauche d'une démocratie avec : l'instauration des élections libres, réformer le système judiciaire, introduire le principe de la laïcité, mais la politique en vigueur allait avoir pour effet de favoriser les regroupements ethniques (Alaouites, Druzes, etc.) et aboutir à un découpage du territoire ne correspondant en rien aux réalités socioculturelles du terrain. Les historiens syriens reprochent toujours à la France la non ratification du Traité Vienot portant sur leur indépendance de 1936, et d'avoir cédé l'enclave d’Alexandrette (1939) aux Turcs en contrepartie de leur neutralité.

Le général Weygand nommé commandant de l'Armée du Levant, arrive à Beyrouth au mois d'août 39 avec pour mission de coordonner l'action des forces alliées sur les Balkans et l'Est méditerranéen, aire qui s'étend du Danube au Nil ! Le Groupement des Forces Mobiles du Levant compte deux brigades mixtes mal équipées et mal armées. La convention d'assistance passée avec la Turquie stipule la nécessité pour le corps expéditionnaire de protéger la région de Salonique, le 18 mai 40, Weygand est rappelé pour remplacer Gamelin. Le colonel de Larminat diffuse un tract invitant les troupes à ne pas accepter la défaite et à former un corps de volontaires qui rejoindra la Palestine afin de poursuivre le combat aux côtés des Britanniques. Les défections parmi l'Armée de Vichy seront suiviesde peu d'effet et le colonel frappé d'arrêt de forteresse. La lutte fratricide entre vichystes et gaullistes au Levant fera plusieurs centaines de morts et un millier de prisonniers.

Le conflit terminé, la France faisait admettre la Syrie et le Liban à l'ONU et commença à transférer la direction à des gouvernements locaux. Au mois de mai, des heurts éclatèrent avant de dégénérer en émeutes, la raison? la cession envisagée de bases navales et aériennes. Le bombardement de Damas par les Anglais fit plusieurs centaines de morts. Le 13 décembre, un accord entre la France et la Grande-Bretagne entraîna le regroupement des forces françaises au Liban et celui des Anglais en Syrie. Le 17 avril 1946 marquait le départ des Français après vingt-six années d"occupation au Levant et allait correspondre à la date de la fête nationale syrienne. Le départ des Français inquiétait au premier rang les populations chrétiennes du Liban, le gouvernement syrien ayant tôt fait d'ordonner la fermeture des écoles françaises, avant de se raviser au mois d'octobre.
La Syrie allait vivre une série de coups d'État. Le chef parti nationaliste au pouvoir, Khaled el Azem fut détrôné le 29 mars 49 par un putsch militaire, sans faire de victimes. L'armée, surtout après sa participation malheureuse en Palestine, était en perte de prestige. Le 14août, le colonel qui présidait aux destinées de la Syrie était assassiné par un militaire proche des partisans de la Grande Syrie. Le 19 décembre, voyait le retour de Khaled el Azem. la "valse" des sièges se poursuivie avec sept coups d'État en cinquante mois.

Le 10 juillet 1953, la Syrie se dotait d'une nouvelle constitution basée sur le régime présidentiel et une chambre des députés élue au suffrage universel. Le nouveau président était renversé le 25 février 1954 par un soulèvement militaire et n'eut droit d'alternative que l'exil. Le chef du parti nationaliste protesta contre la signature le 1° mars de l'accord avec l'Égypte ce qui eut pour effet de durcir les relations avec la Turquie. Les élections du 27 septembre et du 4 octobre 1955 évinçaient les conservateurs qui s'étaient montrés favorables au projet d'union syro-irakienne repoussé par la majorité des Syriens. Un nouvel accord fut conclu avec l'Égypte le 20 octobre 55 et Damas à l'exemple du Caire, négocia des traités commerciaux avec Moscou (23 novembre), Pékin (28 novembre), Bucarest (13 janvier 56). Lors de l'opération Mousquetaire de 56, c'est à dire le débarquement franco-anglais renforcé de l'armée israélienne en réponse à la nationalisation du canal de Suez par Nasser, Damas afficha sa solidarité en faisant saboter les pipe-lines de l'Irak Petroleum passant sur son territoire. Les Soviétiques, sous le prétexte d'apporter leur aide militaire et économique à l'Égypte, entendaient bien profiter de l'occasion pour mettre le pied dans la région et ne plus en repartir. La Syrie glissa dans l'orbite de Moscou et la pénétration russe dans la région allait s'affirmer de plus en plus. L'armée syrienne connut une véritable épuration et nombre d'officiers furent remplacés par des éléments pro-communistes.

Ces raccourcis géopolitiques nous éclairent sur la présence russe en Syrie qui entend bien y conserver sa base navale de Tartous située dans la région Alaouite, de se protéger de troubles dans les régions russes à majorité musulmanes. La décision du président François Hollande de faire procéder à des vols de reconnaissance suivis de frappes, n'accordant aucun crédit aux renseignements livrés par les Américains, sans toutefois vouloir servir les intérêts de Bachard al-Assad, semble ignorer les heurts violents des années quatre-vingt entre Alaouites (population minoritaires) et Sunnites, ces derniers espérant l'intervention de l'armée (conscription) à majorité sunnite pour chasser Assad. En 1979, soixante cadets Alaouites de l'Académie militaire étaient égorgés. L'ASL ou Armée syrienne de libération résulte de ce mouvement. Par ailleurs, la destruction du régime baasiste en Irak, ennemi juré de la Syrie et de l'Iran chiite n'a fait qu'amplifier les tensions régionales.

Au moment où les déserteurs syriens sont nombreux à se dissimuler parmi les réfugiés en route vers l'Europe, rappelons qu'un pays n'a jamais d'amis, seuls ses intérêts prévalent. L'amitié ne dure qu'un temps et le dicton ne nous dit pas s'il s'agit d'intérêts à court, moyen ou long terme... Fin septembre, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient reconnaissait que des membres de l'ASL en cours d'instruction avaient remis 25% de leurs munitions et six pickups à al-Nosra en échange de leur passage... Le gouvernement américain semble n'avoir tiré aucun enseignement de ses combats contre ces peuplades. Les gouvernements américains successifs, responsables en partie de l'islamisation de l'Europe avec la complicité bienveillantes des gouvernements du vieux continent, semblent n'avoir tiré aucun enseignement de leurs combats contre ces peuplades. On en viendrait presque à regretter la doctrine de James Monroe : "Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde" de 1823.

La menace représentée par Daesh (al Nosra en Syrie) qui compte dans ses rangs de nombreux Irakiens, qui a fait de Raqqa la capitale du califat située à cheval entre la Syrie et l'Irak, étant jugée sérieuse, des hommes politiques des pays membres de la coalition, échaudés par les interventions en Irak et en Libye, déclarent qu'il revient aux pays de la région d'accompagner les frappes aériennes de la coalition par leurs troupes au sol, le président Vladimir Poutine proposant d'enterrer la "hache de guerre" et de monter une coalition élargie à l’armée d’Assad sans pour autant fumer ensemble le "calumet de la paix". Plutôt que de voir dans la situation un énième affrontement indirect de l'Occident contre la Russie, on peut y voir l'opportunité, pour l'Europe, de reprendre langue avec la Russie et pourquoi pas, faire un bout de chemin ensemble. Une chose semble certaine, ce n'est pas avec des frappes "chirurgicales" qu'on aboutira à un traitement curatif, pas même une rémission. Le mal a des métastases d'autant plus diffuses que l'on a tardé à l'enrayer dès l'apparition des premiers symptômes. Saura-t-on l'éradiquer définitivement ? Ironie de l'histoire, V.G d'Estaing propose "un mandat de l’ONU sur la Syrie, pour une durée de cinq ans (…) avec des forces militaires professionnelles venant des membres permanents du Conseil de sécurité". 

A SUIVRE

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vendredi 2 octobre 2015

LA TURQUIE, UNE ALLIÉE AMBIGUË


Mustapha Kemal (le Parfait), dit Atatürk, né en 1880 à Salonique d'extraction paysanne fut à l'avant-garde de son époque. Il réussit des transformations aussi radicales qu'impensables en quelques années seulement et dans un pays qui passait pour être traditionaliste. S'est-il inspiré de l'exemple de Pierre le Grand ? Cet ancien élève de l'École militaire promu capitaine en 1904 qui s'opposa à l'entrée en guerre de son pays au côté de l'Allemagne, la termina comme général en Mésopotamie.

Prince albanais chrétien qui repoussa les Turcs
La fin de la Première Guerre mondiale marque la chute et la refonte du régime ottoman hier allié de la Prusse. Le 13 novembre 1918, les troupes alliées installent leur administration à Istanbul, l'année suivante, les Français occupent les régions de gaziantep, d'Adana et de Marash, les Britanniques prennent pied dans les Dardanelles et à Samsun, tandis que les Italiens débarquent à Antalya, avec l'accord du sultan d'Istanbul, Mehmet VI. Au mois de mai 1919, les Grecs débarquent à Izmir avec l'intention d'annexer l'Anatolie occidentale. C'est Mustapha Kemal qui est chargé du côté Turc, du contrôle du désarmement, mais l'homme aspire en secret à mise sur pied d'un mouvement de résistance nationale contre l'occupant. Ce mouvement va non seulement viser l'occupation étrangère, mais également le pouvoir en place. Les Britanniques procèdent en réponse à des arrestations dans la ville d'Istanbul et déplacent les nationalistes interpellés sur l'île de Malte. Le 23 avril 1920, les États-Unis reconnaissent le gouvernement d'Arménie.

Les Turcs qui ne sont pas des Arabes mais originaires de l'Asie centrale, partagent avec ces derniers la religion islamique. Un docteur de la foi lança une fatwa condamnant Mustapha Kemal à mort et qui conférait un caractère religieux à l'assassinat des nationalistes. Ces derniers firent publier en retour des fatwas de muftis d'Anatolie qui annulaient tous les traités ou conventions signés à partir du 16 mars 1920, dont le Traité de Sèvres (10 août 1920) qui ramenait l'Empire ottoman aux limites des régions d'Istanbul et de l'Anatolie septentrionale, cédant les autres territoires aux alliés. La Turquie allait se tourner vers l'URSS (le Traité de Moscou sera signé le 16 mars 1921) afin de consolider son front oriental, ce qui lui permit de remporter une première victoire contre les Arméniens (3 décembre 1920).

Au mois d'août 1921, les kemalistes libéraient Ankara, en n'en évinçant les grecs, bientôt suivis du départ des Italiens d'Anatolie. Mustapha Kemal fut désigné "combattant de la foi religieuse". Un tournant se dessina lors de l'Assemblée nationale du 13 septembre 1920, il y fut question de délivrer le peuple du capitalisme et de l'impérialisme. Mustapha Kemal déclara dans son discours du 1 mars 1922 " Le peuple de Turquie forme un ensemble social uni par la race, la religion et la culture, dans lequel chacun est engagé par le respect mutuel, l'esprit de sacrifice, des intérêts et une destinée communs." L'Assemblée du 11 octobre 1922 mit fin à l'occupation alliée, et le sultanat aboli le 1 novembre 1922.

Les élections de 1923 marquent l'avènement de la République avec l'élection d'un Président et officialisent les associations de défense en parti politique. Au mois d'août, la nouvelle Assemblée ratifie le Traité de Lausanne et désigne au mois d'octobre Ankara, capitale de la Turquie. La République turque moderne se veut d'abord laïque à l'exemple de l'Occident. Le califat est définitivement aboli au mois de mars 1924, entraînant avec lui la disparition du ministère de la charia et celle des tribunaux religieux. Si l'islam reste cependant religion officielle de l'État, Mustapha Kemal proclame que " la religion est et reste une affaire individuelle." Une révolte vite réprimée en résulte, le parti progressiste est aboli l'année suivante.

On assiste à un renouveau culturel. Ataturk qui est favorable à l'adoption de : "la tenue internationale des peuples civilisés" va être l'artisan de l'émancipation des femmes : disparition de la robe turque et du voile couvrant leur visage - suppression de la polygamie - fin de la séparation des deux sexes dans les transports et les salles de spectacle - les femmes peuvent danser avec des étrangers - introduction du mariage et du divorce civils. L'abolition du port du fez fait son entrée. Les musulmans ne se découvrent pas à l'intérieur d'une mosquée et le fez ou la chechia, coiffe dépourvue de rebord, permet au fidèle de s'incliner face contre terre. Les réformes ne s'arrêtent pas là : introduction du nouveau calendrier - de l'alphabet latin - révision de la langue (turc moderne) - pénétration de la TSF dans les villages reculés - adoption du code civil suisse (1926) in extenso afin d'éviter d'interminables discussions (nos lecteurs pourront faire le lien avec notre article 49-3). La référence à l'islam disparaissait de la constitution en 1928 et avec elle : l'appel à la prière en arabe au profit de la langue en turc - suppression de la dîme - et le jour de repos est fixé au dimanche, contrairement à l'islam qui sanctifie le vendredi. Atatürk avait compris qu'une nation ne peut vraiment se maintenir qu'à travers le ciment de l'histoire. Les nouveaux manuels d'histoire allaient résumer plusieurs siècles, faisant remonter les ancêtres turcs aux Sumériens !

Ce qui peut nous sembler surprenant, c'est qu'une grande partie de la population adhéra sans ciller à ces bouleversements sans précédent, nous fournissant la preuve qu'un homme d'État décidé peut imposer sa volonté et faire procéder à des changements sociétaux sur un court laps de temps. Les hommes politiques français pourraient s'en inspirer pour introduire des réformes en adéquation avec le XXI° siècle et non se complaire dans d'anciennes datant pour nombre d'entre elles, du XIX°, voire du XVIII° siècle.
 

La Turquie bordée par : la Syrie, l'Irak, l'Iran, la Géorgie, l'Arménie, la mer noire et la mer Égée, la Bulgarie, la Grèce, va osciller au fil du temps, entre l'Occident, l'Eurasie et le proche-Orient, signe en 1925 un Traité d'amitié avec l'Union soviétique tout en se montrant conciliante envers l'Europe, notamment à l'égard de la Grande-Bretagne (droits pétroliers) et de la Grèce avec l'échange de population entre les deux pays en 1924. Elle signe en 1934 le Pacte balkanique avec : la Grèce, la Roumanie et la Yougoslavie, qui préserve les relations commerciales avec les anciens territoires de l'Empire ottoman. La Turquie va se rapprocher de la France et de la Grande-Bretagne, lorsque les Italiens vont montrer des intentions expansionnistes, et l'URSS y déployer son activité communiste. La Convention de Montreux (1937) qui autorise la Turquie à militariser les détroits jouxtant ses côtes va susciter les convoitises allemandes et italiennes. Atatürk s'éteignait le 10 novembre 1938, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale.

L'enclave d'Alexandrette, province de Hatay située à la frontière syrienne, passa au mois de juillet 1939 à la Turquie qui s'empressa de signer un traité d'alliance et de défense avec la France et la Grande-Bretagne afin de se protéger de toute volonté d'accaparement soviétique. La pénétration des forces de l'Axe dans les Balkans en 1941 puis en URSS, ne manqua pas d'inquiéter la Turquie. L'Allemagne entendait obtenir le libre passage afin de permettre à ses troupes de rejoindre l'Irak, et elle souhaitait voir la Turquie rejoindre les forces de l'Axe. Si en 1914, le parti au pouvoir en Turquie avait choisi de rejoindre l'Allemagne, caressant le secret espoir de reconquérir les territoires perdus dans les Balkans en 1913, la Première Guerre mondiale terminée, les Turcs allaient rapidement déchanter au point d'oublier les territoires arabes perdus allant jusqu'au rejet du panarabisme et du panislamisme. Le 2 août 44, la Turquie se décidait à rompre ses relations diplomatiques avec l'Allemagne, sentant le vent tourner, elle déclarait la guerre à l'Allemagne le 23 février 45.

Au mois de mars 45, l'URSS dénonçait unilatéralement le traité d'amitié signé en 1925. Les Soviétiques exigèrent l'année suivante, la révision des accords de Montreux portant sur le contrôle des Détroits et sur les territoires bordant la mer Noire l'année suivante, doléances vivement repoussées par la Turquie qui tint son armée prête à une intervention militaire. La situation se maintint jusqu'à la déclaration de Truman qui promettait l'aide des États-Unis aux pays menacés par le communisme (la Turquie a rejoint l'OTAN en 1951). Il allait s'ensuivre, dans les décennies à venir, une partie de géopolitique dont les pays du Proche & Moyen Orients et ceux du Caucase, allaient devenir des pièces maîtresses et avoir des répercussions internationales en Occident et en Union soviétique puis en Russie.

A SUIVRE


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