samedi 9 mars 2013

LES COMMUNICATIONS CLANDESTINES



LES RADIOCOMMUNICATIONS CLANDESTINES


Une semaine seulement après l'attentat du 11 septembre 2001, les ventes de récepteurs ondes courtes enregistrèrent une augmentation de cinq cents pour cent ! Dix jours après l'attentat, le FBI arrêtait une femme de 44 ans du nom d'Ana Belen Montes. Elle n'avait rien à voir avec les attaques terroristes, mais son arrestation avait tout à voir avec les interceptions des émissions sur les ondes hautes fréquences. La "Dame cubaine" ne recevait pas ses instructions sur un "Pager " comme cela se pratique encore couramment au États-Unis, mais en écoutant les messages qui lui étaient destinés sur un récepteur ondes courtes de marque Sony, type ICF-7600DS sur la fréquence 7887 kHz. "La dame de Cuba" relevait manuellement les groupes codiques de chiffres émis avant de les saisir sur son ordinateur portable Toshiba pour les déchiffrer grâce à un programme remis par un diplomate cubain en poste aux Nations-Unies.


En temps de crise internationale, l'écoute des ondes courtes, même dans les pays développés, ont tendance à augmenter de façon significative. Les auditeurs curieux de comprendre, de s'informer, veulent des informations formatées véhiculées par leurs médias habituels. L'écoute des stations étrangères sur les ondes courtes apporte un autre axe de compréhension, que celui délivré par des journalistes ethnocentrés ou inféodés à une opinion politique partisane.

La radio peut aussi bien être utilisée pour s'adresser à des centaines de milliers d'auditeurs, ou servir à communiquer entre deux personnes. Si des stations ont cessé d'émettre avec l'écroulement des régimes politiques des pays de l'Est, certaines stations continues d'émettre à destination de leurs agents. Si vous allumez récepteur recevant les ondes courtes relié à une longue antenne filaire, vous pouvez recevoir des émissions provenant de l'autre côté du monde. Les OC comprises entre 160-10 m ou hautes fréquences (1.8-30 MHz) ont toujours été très prisées des stations commerciales, des radioamateurs et par les agents clandestins, du fait qu'elles sont les plus adaptées au trafic intercontinental. C'est la raison pour laquelle l'accès aux bandes HF est très réglementé à peu près dans tous les pays. La possession d'un scanner (récepteur qui balaie une bande de fréquence automatiquement) peut dans certains pays vous conduire tout droit en prison ! Lorsqu'il est permit d'utiliser librement un récepteur captant les ondes courtes, la législation interdit ou réglemente l'écoute des bandes réservées au trafic maritime, à l'aviation, à la police, aux communications militaires, où aux sociétés commerciales (secret de correspondance) pour n'en citer que quelques-unes. En France, il y a  quelques années, il fallait être titulaire d'une licence pour écouter légalement les bandes ouvertes aux auditeurs. Il reste facile cependant d'écouter ou intercepter de nombreux signaux provenant des bandes réservées à l'aéronautique (108-136 MHz), maritimes, aux balises, à la radiodiffusion, aux radioamateurs, les satellites, les agences de presse, la météo, etc., mais gare ! Certains pays exigent la déclaration du poste et le paiement d'une redevance. En Suisse par exemple, si vous ne payez pas la taxe télévisuelle, mais que vous posséder un poste radio, vous devrez vous acquitter d'une taxe d'une trentaine de francs tous les deux mois.


L'écoute est une activité essentiellement passive qui fait courir moins de risque de découverte à l'agent qu'à un radio-opérateur qui émet. Elle permet de recevoir des messages ou instructions émis en l"air" destinés à l'agent, mais que tout le monde peut capter, de connaitre les fréquences utilisées par divers services pouvant avoir une incidence sur une mission, d'intercepter des informations. Il suffit pour l'agent d'arpenter les lieux un écouteur fiché dans l'oreille et un scanner dissimulé dans la poche pour capter et mémoriser les émetteurs "accrochés". Cela ne signifie nullement qu'un récepteur soit passif. La présence d'un oscillateur local indispensable à extraire la voix ou la graphie (code morse ou Télex) de l'onde porteuse suffit à le rendre détectable à plusieurs mètres de distance par les services de sécurité. Pour réduire ce rayonnement, le poste récepteur doit être soigneusement blindé, c'est-à-dire enveloppé dans une feuille métallique formant une cage de faraday.

D'autres précautions sont recommandées. Même si l'agent a la possibilité à installer une antenne sur le toit de la maison ou de l'immeuble pour améliorer la réception des signaux, il ne saurait en être question. Il attirait immédiatement l'attention sur lui (il suffit d'observer à la jumelle le parcours du câble pour localiser ensuite l'appartement, et le type d'antenne apporte des informations sur la gamme de fréquences utilisées. Par souci de discrétion, l'agent ne doit jamais s'abonner à des revues radio ni fréquenter certains magasins vendant des composant électronique, pas plus faire part de ses connaissances en radio ou électronique . Et pour l'opérateur-radio, il est hors de question d'acheter sur place un émetteur, un amplificateur linéaire ou un TOS-mètre (appareil destiné à mesurer le taux d'ondes stationnaires), etc., autant d'appareils qui ne laissent aucun doute sur leur utilisation.


Pour émettre légalement, toute station doit posséder une licence, et pour être autorisé à émettre dans les bandes HF, VHF et supérieures, il faut réussir un examen portant sur la réglementation, la radioélectricité, et dans certains pays, sur le code Morse. La méthode Koch propose de débuter à la plus haute vitesse que l'agent en préparation peut saisir, avec cependant un débit d'au moins 15 mots par minute (mpm) pour éviter au cerveau de penser aux points et traits. Il s'agit de privilégier la lecture comme une musique, un rythme. Commencer l'apprentissage par une vitesse inférieure à une dizaine de mots par minute est la meilleure façon de se heurter à la barrière des 13 mpm qui deviendra quasi impossible à franchir (La vitesse normale est de 20-25 mpm, mais elle peut atteindre 50 à 60 mpm chez certains opérateurs). Le lecteur désireux de s'entraîner à l'étude du morse, peut télécharger un logiciel gratuit sur Internet . A noter que les agents clandestins utilisent une version abrégée du code morse.

En 1983, Moscou accueillait le premier championnat européens de télégraphie à grande vitesse (HST), discipline très populaire en Europe centrale. Des compétions internationales sont même organisées par l'International amateurs radio union (IARU). Les vitesses sont habituellement 50 mots par minute pour des juniors et 80 mots par minute pour les autres catégories.

Jusqu'au début des années 1980, il fallait posséder de solides bases en radioélectricité et maîtriser le code morse pour pratiquer cette activité et trafiquer dans les bandes HF accordées aux radioamateurs du monde entier. Les radioamateurs doivent ensuite faire la demande d'un indicatif auprès de leur administration des postes ou du service des télécommunications. Les radioamateurs peuvent en cas de désastre ou crash d'un appareil, être sollicités pour retransmettre des messages (plan SATER, par exemple). Le certificat HAREC ainsi que la licence nationale donnent légalement le droit d'émettre sur tout le spectre des fréquences primaires et secondaires attribuées au service radioamateur, de faire de la SSTV (télévision à balayage lent), de la RTTY (radio-télétypes), et autres modes digitaux, y compris des transmissions par satellite ou par Internet (Echolink). Un cibiste n'est pas soumis à la législation radioamateur. Il ne peut émettre que dans l'étroite bande de 11 mètres (27 MHz) à faible puissance. La plupart des pays exigent cependant une déclaration préalable.

Une fois en possession de sa licence, le radioamateur doit s'acquitter d'une taxe. s'il désire émettre à partir d'un autre pays, il doit soit ajouter le préfixe du pays à son indicatif, soit demander la licence de ce pays en fournissant à l'autorité étrangère de contrôle une copie certifiée de son certificat, de sa licence, et le cas échéant certaines données techniques relatives à l'équipement utilisé (recommandation CEPT T/R 61-01 signée par 26 pays européens et quelques pays tiers comme les États-Unis, le Canada, Israël, etc.). Une annexe à la recommandation précise qu'il est possible d'utiliser son propre indicatif à l'étranger durant 3 mois sans nécessairement disposer d'une licence nationale. Vous avez entendu parler de la "doublette" à propos des véhicules ou d'usurpation d'identité, la méthode reste ici applicable (voir le manuel du faussaire paru aux éditions Chiron). Il existe toutefois quelques exceptions. Aucune licence radioamateur n'est, par exemple, attribuée à des ressortissants étrangers travaillant dans les Émirats Arabes. La seule solution consiste à émettre en utilisant l'indicatif d'un radioamateur Emirati !

Cette activité a longtemps été le seul moyen d'avoir un accès direct à l'information en provenance de pays étrangers. Jusqu'en 1990, l'activité dans les bandes déca-métriques fut très importante et de nombreux services se partageaient les fréquences comprises entre 3 et 30 MHz : organismes de radiodiffusion, services de secours et de sécurité, navires, radio-balises, agences de Presse, météo, gouvernements, ONG, radioamateurs, etc. Quant à certains agents clandestins en opération à l'étranger, ils devaient se caler sur une fréquence étroite de seulement quelques centaines de Hertz (graphie) parmi des stations commerciales et d'État utilisant des puissances de centaines KW (kilowatts). Pour capter le signal, l'agent ne pouvait se contenter d'allumer son récepteur et d'en extraire l'antenne télescopique. Il se devait de respecter des horaires variant avec l'heure du jour et de la saison. Les ondes décametriques ne se propagent pas en ligne droite comme les ondes métriques, mais par réflexion sur les couches élevées de l'ionosphère.

Aujourd'hui, nous avons les satellites, Internet, les Tweets, les MMS, etc, mais l'arrivée de ces nouveaux moyens n'ont pas remisées les radiocommunications clandestines au placard. Au contraire. Depuis plusieurs décennies que l'activité existe, de nombreux récepteurs se sont succédés. Le numérique allait marquer la fin d'un époque chère au cœur de certains qui regrettent les parasites, le fading (évanouissements de l'émission), le glissement en fréquence. Ces moyens ne faisant pas appel à la haute technologie restent cependant relativement simples pour recevoir, émettre ou échanger des communications à longue distance.
Le brouillage intentionnel des émetteurs "indésirables" se pratique couramment.

Si la station de Saint-Lys radio ne veille plus la fréquence de détresse maritime de 500 kHz, toutes les activités n'ont pas disparu totalement. Des stations sont réactivées lors d'évènements importants (les Jeux olympiques en sont un exemple), de conflits, ou de catastrophes, et des stations pirates contestataires apparaissent épisodiquement pour diffuser des émissions dirigées contre les régimes en place, participant ainsi à la "guerre psychologique". Près de trois milliards d'auditeurs écoutent les ondes courtes, cela représente  à chaque instant, 200 millions de postes récepteurs allumés ! La guerre des ondes n'a pas disparue. 

L'utilisation d'Internet dans le domaine des communications clandestines n'est certes pas à ignorer, mais elle reste le privilège des nations les plus favorisées et reste soumise à la suspension du service, tout comme pour le courrier postal, voire les coupures d'électricité. Internet n'entre pas en concurrence directe avec la radio.


La technologie Digital Radio Mondial (DRM) a été conçue pour transporter du contenu audio avec texte et des données numériques sur haute fréquence, plage étendue ensuite aux VHF et UHF. L'avènement du Consortium DRM répond au principal souci de permettre à chacun d'écouter la radio là où la couverture était jusqu'alors incomplète, et dans de meilleures conditions de réception et d'écoute. Les premiers postes récepteurs numériques sont apparus vers le début du nouveau millénaire. Parmi les améliorations apportées par le DRM : diminution du fading - des interférences - sélection automatique du meilleur signal disponible - apport de services similaires au RDS rencontré sur la FM - la compatibilité avec la diffusion analogique (diffusion simulcast) qui permet d'utiliser les récepteurs actuels en attendant de passer progressivement au tout numérique. Nul besoin d'un scanner DMR pour en écouter les émissions. S'agissant d'un standard libre, les spécifications sont contenues dans une publication de l'European Telecommunication Standars Institute. Il suffit, après avoir télécharger un logiciel libre, de connecter le discriminateur audio du récepteur analogique à une carte son pour les restituer. La technologie DRM utilisée sur les ondes courtes repose sur l'utilisation de l'onde ionosphérique à incidence verticale (NVIS) qui permet une couverture étendue. Cependant, l'instabilité à l'aube et au crépuscule représente un défi pour son développement.

L'achat d'un récepteur dédié tend à disparaître au profit des Software Defined Radios (SDR) multimodes. Un simple dongle enfiché dans la prise USB transforme votre ordinateur en un récepteur couvrant les fréquence VHF/UHF de 64 à 1700 MHz (environ 150 euros). Pour les amateurs exigeants, ils peuvent faire l'acquisition d'un récepteur couvrant de 20kHz (VLF utilisées par les sous-marins) à 3.5 GHz à une vitesse de balayage de 1GHz par seconde, soit 80,000 canaux par seconde pour un espacement de 12,5 kHz !


Le numérique va-t-il marquer la fin d'un époque chère au cœur de certains qui regrettent les parasites, le fading (évanouissements de l'émission), le glissement en fréquence? Ces moyens ne faisant pas appel à la haute technologie restent cependant relativement simples pour recevoir, émettre ou échanger des communications à longue distance. Les stations pirates sont encore très présentes sur les ondes moyennes (1.6 MHz), et dans la bande des 76 et 48 mètres, sur laquelle opère le Mossad et bien d'autres services secrets.

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