mardi 3 novembre 2015

LE "MIKADO" LIBANO- ISRAËLO - PALESTINIEN   


Le 2 novembre 1917, la Grande-Bretagne donnait son accord en réponse à la déclaration Balfour qui stipulait : "l'institution en Palestine d'une patrie nationale pour le peuple juif", ancienne possession turque peuplée d'un million d'Arabes et d'une centaine de milliers de Juifs. L'immigration juive en provenance principalement d'Europe, allait poser un problème délicat. En 1946, la population israélite en Palestine représentait 600 000 colons tandis que la population arabe se trouvait progressivement refoulée vers l'intérieur, d'autres en exil. Les mouvements sionistes (Irgoun et Stern) vont avoir recours à l'immigration clandestine pour le peuplement de la région et aux attentats contre les forces britanniques d'occupation qui en vinrent à proclamer la loi martiale en janvier 1947 et de porter le litige devant les instances de l'ONU. Le 29 novembre, l'ONU se prononça pour un plan de partage en deux États indépendants et libres de tout mandat britannique. De violents combats allaient opposer les Arabes aux Juifs. Le 14 mai 1948, le haut commissaire britannique quittait la région et les Juifs proclamaient l'indépendance de l'État d'Israël reconnu aussitôt par les États-Unis et l'URSS.

L'ONU désigna le Comte Bernadotte comme médiateur, mais les belligérants refusèrent de se rendre à la conférence de la paix réunie à Rhodes. L'Égypte lançait de son côté des appels au soulèvement des armées arabes. Le 4 juillet, Israël proclamait la mobilisation générale, le 9, le roi Abdallah soutenu par tous les peuples de la Ligue arabe déclenchait une offensive. Bernadotte était assassiné par un activiste israélien le 17 septembre 48 à la veille d'un nouveau plan de paix adressé à l'ONU. A la surprise des pays arabes, ces derniers furent vaincus. L'Égypte défaite signa le 24 février 1949 un armistice qui entérinait l'occupation de la quasi totalité du Néguev par les Israéliens. Le roi de Jordanie rattacha son royaume à la Palestine au grand dam de ses alliés. Le 11 mai 49, l'État d'Israël fut admis à l'ONU. Au mois de décembre, l'État hébreux transférait sa capitale de Tel-Aviv à Jérusalem et le roi Abdallah installa sa légion dans les vieux quartiers arabes de la ville. Une décision de l'ONU internationalisa la cité et les lieux saints.

Les incidents se multiplièrent, les occidentaux de calmer le jeu en rappelant la déclaration tripartite américano-anglo-française de 1951 garantissant les frontières d'Israël aux deux parties. En 1956, Israël se montra inquiet des livraisons d'armes soviétiques aux Égyptiens. Seule la France leur avait livré quelques avions au jeune État, la Grande-Bretagne et les États-Unis restant soucieux de ménager les pays arabes. Au mois de juillet survint la crise de Suez. Le 12 octobre, l'Irak se déclarait prête à expédier des troupes en Jordanie. Israël, menacé d'être pris en "tenaille" entre l'Égypte et l'Irak, déclencha une action préventive. Le 29, les troupes israéliennes s'enfonçaient dans le Sinaï et parvenaient aux abords du canal de Suez. Le 31, les troupes franco-anglaises débarquaient dans les environs de port Saïd. L'opération militaire suscita la réprobation des USA et l'URSS. Le Conseil de sécurité enjoignit aux Britanniques et aux Français d'évacuer la zone du canal et aux Israéliens de se retirer jusqu'à la ligne d'armistice de 49. Israël, soutenu par la France, demanda à conserver le contrôle de la bande de Gaza qui n'a jamais été une partie de l'Égypte, et son maintien dans le golfe d'Akaba. La réponse fut négative et l'enclave de Gaza occupée par un contingent de l'ONU. Le 4 mars 1957, les Israéliens quittaient Gaza. Quatre mois plus tard, deux navires affrétés par l'État d'Israël franchissaient le canal. Au mois de novembre, les pays arabes rejetaient la proposition israélienne du rapatriement d'une partie des réfugiés palestiniens en Israël. Pendant la guerre de 48, près de 600  000 arabes sur une population de 780 000 avaient fuit la Palestine.

En 67, l'Égypte décida le blocus du détroit de Tiran et elle expulsa les forces de l'ONU du Sinaï. Nasser appela tous les Arabes à participer à la destruction d'Israël. L'État hébreux lança une offensive aérienne et terrestre dans le sud-ouest et s'empara de la bande de Gaza et du Sinaï (guerre des six-jours). La Syrie et la Jordanie en profitèrent pour attaquer au nord et à l'est. L'attaque fut non seulement repoussée, et Israël occupa la Cisjordanie (territoire jordanien) et le plateau du Golan (Syrie). Le 6 octobre 1973, le jour de la fête juive de Yom Kippour, l'Égypte et la Syrie bien décidées à reconquérir le Golan et le Sinaï lançaient une nouvelle offensive contre Israël. Après plusieurs semaines de combats à l'issue incertaine, les États-Unis se décidèrent à soutenir l'État hébreux et à pourvoir à son ravitaillement par la mise en place d'un pont aérien. En 1979, le secrétaire américain Kissinger parvint à réunir l'Égypte et Israël pour les négociations de Camp David et la signature du Traité de paix, acte qui entraîna l'exclusion de l'Égypte de la Ligue arabe et l'assassinat du président Anouar al Sadate par des islamistes en 1981.

Au Liban, la situation fut plus calme, dans son ensemble, qu'en Syrie. Les communautés chrétienne - druze - musulmane avaient vécu côte à côte depuis des siècles et sans rencontrer de problèmes majeurs. L'occupation française au Liban qui avait commencé le 8 octobre 1918 avait succédé à un Gouvernement hachémite, illégal, pour prendre fin le 31 décembre 1946. Le 17 septembre 1952, le président au pouvoir depuis neuf ans fut contraint de démissionner, remplacé par un homme porté au pouvoir par le commandant de l'armée libanaise. Le Liban, pays le plus occidentalisé de la région, s'est longtemps tenu à l'écart du panarabisme et des conflits régionaux tout en se gardant d'adhérer au pacte de Bagdad et à l'alliance égypto-syrienne, lui préférant la doctrine d'Eisenhower.

L'opposition anti-Occidentale allait fomenter une agitation et conduire à de graves crises. L'OLP dirigée par Yasser Arafat réussit à implanter une enclave dans le sud du Liban et à proximité d'Israël d'où partaient des fedayins. En 1982, Israël, de guerre lasse, attaqua le Liban en représailles à des incursions sur ses frontières nord. Une année plus tard, Tsahal en avait chassé l'OLP (qui se réfugia en Tunisie) avec le renfort des milices chrétiennes et contrôlait un tiers du Liban. Israël se retira du Liban en 85, excepté de la frontière sud qui jouxte celle d'Israël (le retrait définitif et total interviendra en 2000). En 1987, un colon israélien tua une écolière palestinienne d'une balle tirée dans le dos. L'OLP, le Djihad islamique et le Hamas allaient être à l'origine de l'Intifada (guerre des pierres) et de surenchères.

La répression israélienne parvint à contenir l'Intifada, mais la situation intérieure allait diviser fortement l'opinion israélienne. C'est un modéré, Yitzhak Rabin, qui fut élu en 1992 au poste de Premier ministre. Le 13 septembre 1993, Rabin et Arafat signaient les accords d'Oslo qui garantissaient le retrait israélien de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, régions dans lesquelles la population subissait durement les conditions imposées par l'occupant, premier pas vers la création d'un État Palestinien. Les questions liées aux implantations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza, au statut de Jérusalem et à la sécurité des frontières restaient en suspens. En 1995, Yitzhak Rabin était assassiné par un Israélien opposé à tout compromis avec les Arabes. Aucun de ses successeurs n'allait vouloir accéder aux doléances palestiniennes. Au mois de septembre 2001, Sharon fraîchement élu Premier ministre, entreprit de réoccuper la Cisjordanie et de faire ériger un mur destiné à prévenir l'infiltration de fedayins en territoire israélien. En 2005, les forces israéliennes quittaient la bande de Gaza, et en 2015, la Palestine siégeait à ONU.

L'État hébreux est devenu un acteur de poids incontournable au Proche et Moyen-Orient. Les nombreuses tensions latentes dans cette région ou dans la péninsule arabique sont loin d'avoir disparu. Le moindre incident est capable à tout instant de raviver des rancœurs très vivaces. Bouger la moindre pièce revient à en ébranler une autre comme dans un jeu de "Mikado", ou l'effet papillon.


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